Albert Cossery

L’écrivain égyptien est mort le 22 juin. Libertaire, il avait opté pour une vie de bohème et de dénuement matériel. Et laisse un Âuvre atypique.

Publié le 30 juin 2008 Lecture : 2 minutes.

À la fois dandy et libertaire, l’écrivain Albert Cossery était une figure du quartier parisien de Saint-Germain-des-Prés où il a vécu pendant plus d’un demi-siècle dans une minuscule chambre d’hôtel. On le croisait parfois dans la rue lorsqu’il quittait son hôtel pour aller déjeuner dans un restaurant du quartier. À midi pile, tous les jours. Ses amis savaient qu’il ne fallait jamais lui téléphoner dans la matinée. Ceux qui tentaient leur chance s’entendaient répondre par le standardiste de l’hôtel de la Louisiane : « M. Cossery ne prend pas le téléphone le matin. » Désormais, Albert Cossery ne prendra plus le téléphone, ni le matin ni à aucun autre moment. « Le prince et esthète de la littérature française », selon les mots de la ministre de la Culture Christine Albanel, s’en est allé le 22 juin, à l’âge canonique de 94 ans, laissant derrière lui une Âuvre romanesque atypique et majeure.

Né en Égypte en 1913, Albert Cossery s’est imposé comme un grand écrivain francophone, tout en réfléchissant toujours en arabe. Ayant appris le français dans des écoles chrétiennes de la capitale égyptienne, ce fils de rentiers bourgeois a su très tôt qu’il voulait écrire. Lorsqu’il débarque à Paris en 1945, il a déjà à son actif un recueil de nouvelles à la narration étonnamment maîtrisée. Parus au Caire en 1941, Les Hommes oubliés de Dieu ont valu à Cossery l’admiration de Henry Miller, qui l’a publié aux États-Unis. Dans le Paris de l’après-guerre, Cossery fréquentait les intellectuels et les artistes : Albert Camus, Jean Genet, Boris Vian, Juliette Gréco, Mouloudji, Giacometti Date de cette époque aussi son goût pour les idées anarchistes qui l’a conduit à opter pour une vie de bohème et de dénuement matériel. Dans la chambre d’hôtel où il s’est éteint, il ne possédait que quelques vêtements.
Auteur d’un recueil de nouvelles et de sept romans dont le plus connu est sans doute Mendiants et Orgueilleux, publié en 1955, Cossery aura créé un univers peuplé de petites gens, écrasées par la misère, la faim et le froid. Surnommé « le Voltaire du Nil » à cause de sa dénonciation des puissants, l’Égyptien a manié avec talent les armes du sarcasme et de la dérision. « J’écris, se plaisait-il à dire, pour que quelqu’un qui vient de me lire n’aille pas travailler le lendemain » !

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