Trois questions à Candice Breitz

Publié le 31 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Née en Afrique du Sud en 1972, Candice Breitz a été formée à l’University of the Witwatersrand Art School de Johannesburg. En 1994, elle décroche une bourse pour poursuivre ses études aux États-Unis. Cette photographe convertie à la vidéo vit et travaille aujourd’hui à Berlin.

Jeune Afrique/l’intelligent : Comment êtes-vous passée de la photo à la vidéo ?
Candice Breitz : Je voulais recourir à un média qui me permette d’avoir la plus grande audience possible. Aujourd’hui, la sculpture ou la peinture ne parlent pas trop aux gens alors que tout le monde se sent interpellé et familiarisé avec l’image mouvante via la télévision, la publicité, Internet, le cinéma. Je voulais toucher un public sans l’aliéner, car je pense que les médias sont assez aliénants. En outre, le son et surtout les langues, en ce qu’elles véhiculent une identité, m’intéressent beaucoup. La vidéo m’offre la possibilité d’intégrer l’élément sonore dans mes travaux.
J.A.I. : Vous vivez à Berlin. Quel aurait été votre parcours si vous étiez restée en Afrique ?
C.B. : J’aurais probablement enseigné à plein temps et peut-être le soir ou le week-end aurais-je trouvé le temps d’avancer dans mes travaux personnels. Même en Afrique du Sud, où la situation économique n’est pas la pire du continent, il est impossible de survivre en tant qu’artiste contemporain. Les collectionneurs se comptent sur les doigts d’une main, et il n’y a pas d’institutions pour soutenir l’art. Et ce pour des raisons évidentes : le chômage touche 40 % de la population et, manifestement, le pays doit résoudre d’autres problèmes en priorité. En attendant des jours meilleurs, les artistes sont contraints, comme Meschac Gaba, Robin Rhode ou Moshekwa Langa, de quitter leur pays.
J.A.I. : Vous êtes l’une des rares artistes africaines à être présente à la prochaine Biennale de Venise.
C.B. : Il n’y a pas de surprise dans le monde de l’art. Il reflète simplement la réalité économique mondiale. Pour réussir, les artistes africains doivent travailler deux fois plus que les autres. Je ne parle pas forcément de moi, car, en tant que Sud-Africaine blanche, je ne peux pas prétendre être confrontée aux mêmes épreuves que n’importe quel autre Africain.

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