[Tribune] Quand les réseaux sociaux ravivent les conflits ethniques

Le conflit qui traverse actuellement le Cameroun, nourri par une propagande de désinformation incitant à la haine, révèle les difficultés qu’ont les réseaux sociaux à traquer et supprimer les contenus problématiques publiés sur le pays.

Dans une rue de Bamenda, au Cameroun anglophone (photo d’illustration). © Rbairdpcam/CC/Flickr

Dans une rue de Bamenda, au Cameroun anglophone (photo d’illustration). © Rbairdpcam/CC/Flickr

L’avocate camerounaise Julie Owono, directrice exécutive de l’ONG Internet sans frontières. © Alexandre Gouzou pour JA
  • Julie Owono

    Directrice exécutive d’Internet sans frontières, chercheuse au Berkman Klein Center for Internet and Society de l’Université d’Harvard (États-Unis).

Publié le 16 juillet 2018 Lecture : 4 minutes.

Quiconque a parcouru les fils de discussion en ligne consacrés au conflit qui traverse actuellement le Cameroun a remarqué la polarisation rampante des opinions, alimentée par des idéologues locaux ou de la diaspora. Elle oppose d’un côté ceux qui véhiculent l’idée que certains Camerounais de l’Ouest, en particulier les anglophones, seraient des sous-hommes antipatriotes, et de l’autre, ceux qui accusent les Bétis et les Bulus, ethnies du sud du Cameroun, de commettre un génocide.

La propagande nauséabonde des deux camps s’appuie sur des publications, illustrées par des vidéos ou des photos d’une violence inouïe, mais à la viralité assurée sur les réseaux sociaux. La volonté des auteurs de ces posts d’inciter à la haine de l’autre, en usant notamment de raccourcis et d’informations délibérément trompeuses, est manifeste.

Bien s’informer, mieux décider

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