Soudan du Sud : l’ONU impose un embargo sur les armes 

Le Conseil de sécurité de l’ONU a imposé vendredi un embargo sur les armes au Soudan du Sud et des sanctions contre deux responsables militaires, alors que les tractations diplomatiques n’ont pas, en près de cinq ans de conflit, réussi à mettre un terme à la guerre civile.

Élection de cinq membres non permanents du conseil de sécurité par l’Assemblée générale des Nations unies, le 8 juin 2018. © Don Emmert/AFP

Élection de cinq membres non permanents du conseil de sécurité par l’Assemblée générale des Nations unies, le 8 juin 2018. © Don Emmert/AFP

Publié le 13 juillet 2018 Lecture : 3 minutes.

La résolution, présentée par les Etats-Unis, a été adoptée, de justesse, par neuf pays membres de la plus haute instance de l’ONU. La Russie, la Chine et quatre autres nations se sont abstenues.

L’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, a déclaré devant le Conseil que le soutien à l’embargo sur les armes enverra un message aux dirigeants du Soudan du Sud, leur signifiant que « nous en avons assez des retards et des blocages » dans la mise en oeuvre des accords de paix.

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« Ce sont des armes que les groupes armés ont utilisé pour tirer sur des pères devant femme et enfants, pour braquer les convois d’aide alimentaire ou pour attaquer des femmes et des filles », a dit la représentante des Etats-Unis devant les membres du Conseil avant le vote.

Texte adopté de justesse

Le texte adopté établit un embargo sur les armes jusqu’au 31 mai 2019 à destination du Soudan du Sud.

Il autorise les Etats membres de l’ONU à détruire ou neutraliser toute cargaison d’armes interdites en vertu de l’embargo.

La résolution adoptée souligne « une préoccupation profonde » du Conseil de sécurité « face à l’échec des dirigeants du Soudan du Sud à mettre un terme aux hostilités et « condamne les violations continues et flagrantes » de l’accord de cessez-le-feu et de libre accès humanitaire conclu en 2015.

Le Soudan du Sud est en guerre civile depuis 2013, le pays ayant obtenu son indépendance du Soudan en 2011.

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Les Etats-Unis ont mené une pression intense pour obtenir les votes nécessaires pour faire adopter cet embargo, après avoir échoué en 2016 à convaincre le Conseil de sécurité de soutenir la mesure et de couper l’afflux des armes au Soudan du Sud.

« Des personnes sont brûlées vives et pendues aux arbres par des groupes armés au Soudan du Sud. C’est barbare », a dénoncé Mme Haley.

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Six pays s’abstiennent

La résolution a toutefois été adoptée de justesse, symbole des divisions régnant au sein du Conseil de sécurité.

Pour être adoptée, une résolution doit recueillir au minimum neuf voix sur les 15 pays membres et éviter qu’un des cinq membres permanents n’oppose son veto.

Six pays, la Russie, la Chine, l’Ethiopie, la Guinée équatoriale, le Kazakhstan et la Bolivie se sont abstenus.

L’ambassadeur éthiopien, Tekeda Alemu, dont le pays est à la tête des efforts de paix au niveau régional, s’est opposé à l’embargo, arguant que cela risquait de miner les tractations diplomatiques.

Beaucoup des pays qui n’ont pas voté pour le texte ont affirmé que l’Union africaine et le groupe régional IGAD n’ont pas soutenu les mesures punitives et ont appelé à laisser du temps pour observer les résultats des efforts de paix.

>>> À lire –  Soudan du Sud : Riek Machar mobilise

Le document, qui renouvelle un régime général de sanctions imposé au Soudan du Sud, comporte une annexe prévoyant des mesures individuelles (gels d’avoirs, interdiction de voyager) pour deux militaires sud-soudanais accusés de bloquer un règlement pacifique du conflit.

Il s’agit de Malek Reuben Riak, ex-chef d’état-major adjoint, et Paul Malong Awan, ex-chef d’état-major devenu un des dirigeants de l’opposition.

Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011 avec le soutien des Etats-Unis. Au cours des derniers mois, Washington s’est montré de plus en plus impatient devant la gestion du président Salva Kiir. Le pays, où s’était rendue fin 2017 l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley, s’est enfoncé dans la guerre en décembre 2013 quand M. Kiir a accusé son ex-Premier ministre Riek Machar de fomenter un coup d’Etat.

Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, près de quatre millions de déplacés et provoqué une crise humanitaire majeure.

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