Quand les cartes sont brouillées

Un jeune entrepreneur a voulu se lancer dans le secteur des télécommunications. Son projet a été bloqué par l’administration.

Publié le 31 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Il est rentré au pays avec plein d’idées et de projets en tête. Il s’en mord un peu les doigts aujourd’hui. C’est l’histoire d’un Mauritanien de 34 ans qui a cru aux discours politiques qui appellent la jeunesse à s’investir dans le pays et aux lois qui proclament le libéralisme dans le secteur des nouvelles technologies en général et des télécommunications en particulier.
Né en 1970 à Nouakchott, Mohamed Ould Mouknass a poursuivi des études supérieures en France et aux États-Unis. En vacances au pays, il choisit, en juillet 2000, de s’installer définitivement dans sa ville natale. Fort de ses diplômes (en diplomatie commerciale et en administration des affaires) et de son savoir-faire (de multiples stages professionnels en Europe, en Asie et aux États-Unis), il décide de créer une société mauritanienne, Atlantic Telecom. Celle-ci voit le jour en novembre 2003. Sa première activité consiste à concevoir, fabriquer et commercialiser des cartes téléphoniques prépayées via Internet.
Baptisée Badr (« pleine lune »), sa carte de 3 000 ouguiyas (8 euros) permet de téléphoner vers l’international à des tarifs bien inférieurs à ceux des opérateurs locaux. Pas si simple ! L’Autorité de régulation exige, avant de donner son accord, un dossier « complet » comme s’il s’agissait d’une entreprise industrielle… Or Atlantic Telecom n’est qu’une petite société de services employant en tout et pour tout cinq personnes.
Entre Mouknass et les responsables de l’Autorité, le courant ne passe pas : ils divergent sur la nature des documents à fournir et sur l’interprétation de la dérégulation du secteur des télécoms entrée en vigueur le 30 juin 2004. La commercialisation de la carte Badr est bloquée. Et Mouknass condamné à vendre ses services ailleurs qu’en Mauritanie. Il se considère victime de la concurrence. « Je gagne ma vie sans abuser de mes clients. Et je n’ai pas envie de basculer dans la clandestinité ou le marché parallèle. Je veux travailler dans la transparence et payer mes impôts », explique-t-il. Il a écrit au Premier ministre et espère que son projet pourra se dénouer positivement, « dans l’intérêt du pays ». « Je contribue modestement à la réduction des charges des entreprises et des particuliers. Mon système me permet d’acheter à bon prix du temps téléphonique et de le revendre avec une marge raisonnable en créant des emplois directs et indirects. »
En attendant de se déployer en Mauritanie, Mouknass lance à partir du 1er juin une nouvelle carte téléphonique prépayée via le téléphone portable ou fixe. Elle s’appelle « Mauritanide ». Destinée aux Mauritaniens de la diaspora, elle permet d’appeler à partir, par exemple, de la France pour 4,99 euros pendant vingt minutes. C’est 20 % à 30 % moins cher que les autres cartes. Elle sera commercialisée dans une trentaine de pays en Europe, en Asie et en Amérique du Nord.

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