Coupe du monde 1978 : la Tunisie accroche la RFA, un exploit pour rien (0-0)

Le 10 juin 1978, lors de la Coupe du monde en Argentine, la Tunisie de Mokhtar Dhouib obtient un surprenant match nul face à la RFA (0-0), championne du monde en titre.

L’équipe de Tunisie de 1978. © DR

L’équipe de Tunisie de 1978. © DR

Alexis Billebault

Publié le 15 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

Quarante ans plus tard, Mokhtar Dhouib n’a pas totalement évacué ses regrets. Oui, la Tunisie venait d’accrocher la RFA (0-0), ce 10 juin 1978 à Cordoba, lors de la troisième journée du premier tour, et elle vient d’accomplir un des plus grands exploits de la compétition. Oui, la Tunisie, novice à ce niveau, restera comme la première sélection africaine à y avoir gagné un match, huit jours plus tôt, face au Mexique à Rosario (3-1). Mais ce 0-0 scelle les derniers espoirs des nord-africains de se qualifier pour le second tour. La Pologne, qui avait battu les Aigles (1-0) le 6 juin, dominent le Mexique (3-1) et accompagnent les Allemands au second tour.

Le penalty oublié sur Ben Rehaiem

Mokhtar Dhouib, le défenseur du CS Sfaxien, auteur du troisième but contre les Mexicains, reste nostalgique. Et il ne parvient toujours pas à évacuer une certaine frustration. « Ce match face aux Allemands, je pense qu’on pouvait le gagner. L’arbitre (le Péruvien Cesar Guererro Orosco), nous refuse un penalty pourtant évident, après une faute sur Agrebi Ben Rehaiem. Nous avions eu des occasions. Notre sélectionneur, Abdelmajid Chetali, avait mis au point une stratégie intelligente : bien défendre, mais aussi prendre des risques, car nous avions des qualités techniques. Notre gardien, Mokhtar Naili, avait fait des arrêts importants. Et on sentait que les Allemands doutaient… »

Les Allemands avaient d’excellents joueurs, dont plusieurs étaient devenus champions du monde quatre ans plus tôt

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Avant cette confrontation a priori très déséquilibrée, tout le monde ou presque prédit une large victoire de la RFA, qui venait de passer ses nerfs sur des mexicains totalement à la dérive lors de la seconde journée (6-0). « On entendait dire qu’on allait perdre 3 ou 4-0. Oui, ce fût un match difficile, car les Allemands avaient d’excellents joueurs, dont plusieurs (Maier, Bonhof, Vogts, Cullmann, Schwarzenbeck…) étaient devenus champions du monde quatre ans plus tôt. Ils semblaient un peu trop confiants en début de rencontre », poursuit Dhouib. Les faits leur donneront partiellement tort, mais pas assez pour les empêcher d’atteindre le second tour.

Les joueurs tunisiens presque tous amateurs

Les Tunisiens, qui étaient quasiment tous amateurs à cette époque – « je travaillais comme chef de service dans une centrale laitière et je recevais de mon club de Sfax quelques dinars quand on gagnait certains matches », se souvient Dhouib – seront invités par le président de la République, Habib Bourguiba, à rester en Argentine jusqu’à la fin de la Coupe du monde. « Mais on voulait rentrer pour retrouver nos familles… »

Les Aigles, qui partageront le même avion que l’équipe de France, elle aussi éliminée au premier tour, seront accueillis à Tunis par des supporters heureux et fiers de leur sélection. Bourguiba le recevra au palais présidentiel de Carthage et les gratifiera d’une prime d’environ 350 €. Quelques mois après la Coupe du monde, plusieurs internationaux, dont Dhouib, s’exileront vers le championnat saoudien, beaucoup plus rémunérateur…

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