Maroc : Hamieddine embarrasse le PJD devant la monarchie

La fuite d’une intervention de Abdelali Hamieddine, un dirigeant du PJD (parti islamiste), très critique envers la monarchie marocaine, a soulevé une tempête politique qui affaiblit davantage le chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani.

Le chef du gouvernement marocain, Saadeddine El Othmani, en 2008 à Rabat. © Alexandre Dupeyron pour JA

Le chef du gouvernement marocain, Saadeddine El Othmani, en 2008 à Rabat. © Alexandre Dupeyron pour JA

fahhd iraqi

Publié le 17 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

« L’institution monarchique, dans sa forme actuelle, est un obstacle au développement ». La phrase prononcée par Abdelali Hamieddine a provoqué un tollé dans les milieux politiques. La cador du Parti justice et développement (PJD) s’exprimait au cours de la Conférence nationale de dialogue interne du PJD, dédiée à l’évaluation du processus démocratique et la dynamique de développement depuis 2011. Une phrase qui n’aurait jamais été rendue publique si le site du parti (pjd.ma) n’avait diffusé des extraits vidéos de ce dialogue interne.

Cette critique ouverte à la monarchie, le président de la Commission de l’enseignement de la Chambre des conseillers n’a pas osé l’assumer pleinement. Dès le lendemain, le dirigeant islamiste a affirmé sur sa page Facebook que ses propos avaient été dénaturés et sortis de leur contexte, puisqu’ils n’avaient pas été publiés dans leur intégralité.

la suite après cette publicité

Grave faute professionnelle

Hamieddine s’est même offusqué que certains de ses «frères» tentent de créer un problème entre le parti et l’institution monarchique et a exigé de Saâdeddine El Othmani d’ouvrir une enquête pour identifier les auteurs « malintentionnés » de la mise en ligne de ces vidéos. Une enquête interne a été ainsi diligenté par la direction du parti.

>>> À lire – Maroc : la garde rapprochée de Saadeddine El Othmani

« Il s’est avéré qu’il n’existe aucune mauvaise intention dans la diffusion des enregistrements du dialogue interne… Ce qui s’est passé relève d’une grave faute professionnelle d’un des responsables à la direction du site pjd.ma », a finalement annoncé un communiqué publié, le 15 juillet, sur le site de la formation politique.

Le parti ne se détournera jamais de ces convictions monarchiques, affirme Saâdeddine El Othmani

Et comme pour recadrer son camarde du parti, Saâdeddine El Othmani s’est senti obligé de consacrer une bonne partie de son intervention, lors d’une rencontre du Conseil régional du PJD à Rabat, pour exprimer sa fidélité à l’institution monarchique. « Le parti croit en la monarchie qui est l’une des constantes constitutionnelles essentielles du Maroc. Tenir compte de ces constantes est la condition sine qua non de l’existence du parti. Et le parti ne se détournera jamais de ces convictions », a affirmé le chef du gouvernement.

la suite après cette publicité

Malgré cette mise au point du leader islamiste, la déclaration de Hamieddine a été perçue par de nombreuses personnalités politiques comme révélatrice d’une conviction dissimulée au sein du parti. Une pluie de critiques s’est abattue sur ce dernier, et en particulier sur le sulfureux dirigeant qui a toujours eu maille à partir avec la justice, notamment pour son rôle supposé dans l’assassinat, en 1993, de l’étudiant gauchiste Benaissa Ait El Jid à la faculté de Fès.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Jamila El Moussali, membre du secrétariat général du PJD, a été élue à la tête de sa section féminine le 5 mai 2018. © YouTube/
Institut Royal des Etudes Stratégiques

Maroc : Jamila El Moussali, la « féministe islamiste » du PJD

Contenus partenaires