Maroc : à quand la deuxième phase de la réforme des retraites ?
Si la réforme paramétrique de 2016 a permis de gagner cinq ans de répit, elle reste insuffisante pour garantir une pérennité du système.
Passée au forceps à la fin de mandat d’Abdelilah Benkirane, la réforme paramétrique du régime de la Caisse marocaine des retraites (CMR) a été salvatrice. Les chiffres rendus publics au lendemain du Conseil d’administration de ce fonds de pension des fonctionnaires mettent en lumière l’importance des changements de paramètres effectué (âge de départ à la retraite repoussé à 63 ans, taux de cotisation augmenté de 10 % en 2016 à 14 % en 2019, modalités de calcul de la pension revus par rapport à la moyenne des huit dernières années…).
>>> À LIRE : Retraites : une réforme sous haute tension au Maroc
Le déficit technique a été réduit à près de 7 milliards de dirhams (746 millions d’euros) en 2017, alors qu’il aurait culminé à 12 milliards si rien n’avait été fait, tandis que les dettes à long terme de la CMR ont baissé de 53 %. Mais les changements de paramètres ne permettent pas de régler toutes les difficultés de la caisse, toujours en déficit structurel : l’année dernière, la CMR a servi 33,7 milliards de dirhams de prestations, alors qu’elle n’a collecté que 26,1 milliards de cotisations, auprès de ses 967 358 actifs qui contribuent pour 805 134 pensionnés.
64 000 fonctionnaires sur le départ
Pour Lotfi Boujendar, directeur de la CMR depuis juillet 2017, ces premiers ajustements ont permis de gagner cinq ans de répit, qu’il serait utile de mettre à profit pour enclencher une deuxième phase de réformes, notamment pour regrouper les deux régimes du secteur public (CMR et RCAR). Une étude du ministère des Finances devrait être lancée pour explorer d’autres pistes de réforme, notamment la recherche de nouvelles sources de financement au-delà de la contribution de l’État employeur, comme la TVA sociale ou les produits financiers.
C’est d’autant plus urgent que la CMR sera confrontée, sur les cinq prochaines années, au départ de 64 000 fonctionnaires, dont une bonne partie sont de hauts cadres, avec des pensions assez élevées.
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