Le Katanga entre deux sécessions

Publié le 30 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Moïse Tshombé a présidé la semaine dernière à Élisabethville un congrès des députés élus au Katanga sur les listes de la Convention nationale congolaise (Conaco) créée par ses soins à la veille des élections législatives qui ont pris fin le 30 avril dernier.
Ce congrès devait se pencher sur la réunification des trois provinces du Katanga : le Nord-Katanga, le Katanga oriental et la Lualaba. Il ne faisait aucun doute que cet objectif serait atteint. Rien n’avait été laissé au hasard. […]
Pourquoi MM. Tshombé et Munongo réunifient-ils le Katanga ? Les assemblées provinciales intervenant dans le vote, M. Tshombé pense pouvoir renforcer ainsi ses chances aux prochaines élections présidentielles. Il suffit de constater, pour s’en convaincre, qu’au moment même où M. Tschombé réunit ses effectifs au Katanga, M. Kasa-Vubu rassemble les siens à Matadi. […]
Malgré la majorité théoriquement acquise dans les deux Chambres à M. Tshombé, la situation politique congolaise est si fluide qu’on ne peut affirmer que les positions actuelles seront inchangées au moment de la réunion du Parlement… s’il est convoqué. La plupart des députés élus sur les listes de la Conaco n’ont accepté un tel patronage que pour assurer leur succès. Ils ne se sentent pas pour autant liés par une discipline de parti et restent disponibles pour toutes les tractations ou toutes les coalitions possibles. M. Tshombé n’ignore pas cet aspect de la politique congolaise. C’est pour se prémunir contre pareille éventualité qu’il envisage la réunification du Katanga et recrute de nouveaux mercenaires en Afrique du Sud. Échouerait-il dans sa course à la présidence, la sécession katangaise serait proclamée à nouveau : non par M. Tshombé cette fois, mais par M. Munongo. […] Lors des visites que celui-ci a multipliées ces derniers temps, il a laissé entendre qu’il serait prêt à assumer les fonctions de gouverneur du Katanga réunifié si tel était le désir du peuple katangais. Une fois la nouvelle sécession proclamée, M. Tshombé prendrait sur lui de ramener le Katanga dans le giron congolais. Il voudrait démontrer par là qu’à l’encontre de Kasa-Vubu et des révolutionnaires qui se réclament de Lumumba, il est le seul homme capable de faire l’unité congolaise.

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