Edem Kodjo

Ancien secrétaire général de l’OUA et ancien Premier ministre togolais

Publié le 30 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique/l’intelligent : Quels sont, selon vous, les différents scénarios de sortie de crise ?
Edem Kodjo : Je ne sais pas s’il en existe plusieurs. L’organisation d’un nouveau scrutin me paraît très incertaine. La violence aveugle a atteint ses limites. Reste la solution négociée, laquelle est perçue différemment selon les camps politiques : gouvernement de transition à durée limitée pour l’opposition, gouvernement d’union nationale qui ferait preuve d’une large ouverture politique pour le nouveau président…
J.A.I. : Comment jugez-vous le comportement de l’opposition dite radicale ?
E.K. : Elle a beaucoup tâtonné avant le scrutin, partagée entre des objectifs contradictoires : report de la date de l’élection ou participation à la campagne électorale. Elle était sûre d’elle, trop peut-être…. En fait, elle a eu du mal à élaborer et à mettre en oeuvre une stratégie claire après la mort d’Eyadéma, le 5 février.
J.A.I. : Que pensez-vous de l’idée d’organiser une nouvelle élection présidentielle sous la houlette d’un gouvernement de transition ?
E.K. : Elle ne me paraît pas réaliste. Cette proposition a d’ailleurs fait long feu à Abuja, où les chefs d’État africains ont houspillé l’opposition tout en confirmant la légitimité de Faure Gnassingbé.
J.A.I. : Faure Gnassingbé, pour sa part, défend l’idée d’un gouvernement d’union nationale…
E.K. : C’est une idée qui me paraît avoir davantage de chances d’aboutir. C’est elle qui a d’ailleurs été retenue à Abuja, même si ses contours sont restés flous. Cela dit, la rencontre d’Abuja n’avait pas pour objectifs de définir ce gouvernement et encore moins de choisir son Premier ministre.
J.A.I. : Quel message devrait envoyer Faure Gnassingbé aux Togolais réfugiés au Bénin et au Ghana ?
E.K. : Après les événements dramatiques de la fin avril, c’est un message de paix et de réconciliation qu’il devra prononcer. S’agissant des réfugiés, j’ai encore en mémoire le précédent de 1994-1996. Alors que j’étais moi-même Premier ministre, nous avions réussi à négocier le rapatriement de plus de 35 000 réfugiés avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Surtout, j’avais fait voter une loi d’amnistie pour compléter la panoplie des mesures prônées par le HCR.
J.A.I. : Que pensez-vous de Faure Gnassingbé ? Est-il selon vous assez mûr pour diriger le pays ? Quels sont ses atouts ? Ses faiblesses ?
E.K. : Je le connais depuis longtemps, mais je ne l’ai pas beaucoup « pratiqué » professionnellement pour pouvoir en parler avec précision comme je l’aurais fait de son père. Je crois qu’il a pour lui sa jeunesse, sa pondération, son souci de bien faire, et je le sais intelligent. Mais il tâtonne certainement un peu. Avec le temps, je suis sûr qu’il saura surmonter ses hésitations. Même s’il n’est pas facile de s’asseoir dans le fauteuil d’Eyadéma.
J.A.I. : Pourriez-vous travailler avec lui ?
E.K. : Pourquoi pas ? Si c’est dans l’intérêt de mon pays et si les termes de la collaboration sont acceptables. Je souhaite le redressement de mon pays, qui a démontré par le passé sa capacité, sa vitalité, et je souhaite surtout que le peuple togolais puisse enfin vivre heureux.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires