Codéveloppement, mode d’emploi

Publié le 30 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

L’importance des flux financiers générés par les diasporas représente une réelle source de richesse pour les pays d’origine. C’est de ce constat qu’est né, dans les années 1990, le concept de « codéveloppement », qui vise à soutenir, organiser et valoriser les apports des migrants au pays. En 2002, un Fonds de solidarité prioritaire (FSP), doté de 2,6 millions d’euros, a été lancé par la France et le Mali. Il comporte plusieurs volets, le plus connu étant l’appui aux porteurs de projets économiques. Il prend forme à travers l’investissement à distance – un dispositif qui vise à faciliter l’accès à un crédit bancaire pour un promoteur de projet au Mali, garanti par l’épargne d’un migrant – ainsi que l’aide à la réinsertion. Celle-ci prévoit l’octroi d’une subvention comprise entre 4 000 et 7 000 euros pour le démarrage du projet et un suivi technique. Souvent appelé « aide au retour », ce mécanisme très médiatisé par Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, est en place depuis 1995 à l’Office des migrations internationales. Depuis cette date, 900 projets de réinsertion ont été cofinancés, généralement dans le domaine du commerce ou du transport, dont 124 en 2004 dans le cadre du FSP. Depuis 2002, plus de 400 000 euros d’épargne de migrants ont pu être mobilisés. Toutefois, ce n’est pas cette incitation financière, jugée bien trop faible au regard des dépenses engagées pour partir en France, qui décide les immigrés à rentrer. « Le véritable intérêt tient surtout à la formation, à l’encadrement et au suivi qui sont proposés », souligne Singalé Soumaré, créateur d’une entreprise de téléphonie par satellite à Kayes. Le but du codéveloppement, c’est bien de contribuer au développement local et non au retour des immigrés. C’est aussi, ajoute Pierre Lévy, coopérant à Kayes, « une façon de renforcer la citoyenneté. En s’impliquant dans des projets au Mali, les migrants consolident leur intégration en France. La citoyenneté, ça se développe sur les deux espaces. »
Autres aspects du dispositif : le cofinancement de projets de développement local portés par des associations de migrants en France et leurs partenaires locaux, ainsi que l’appui aux initiatives des jeunes (organisation d’événements culturels et sportifs, notamment). Pour Olivier Kaba, responsable de la cellule du codéveloppement à Bamako, « il est très important de permettre aux jeunes issus de l’immigration d’être en contact avec leur pays d’origine. C’est intéressant pour des jeunes de banlieue de voir qu’ils sont capables d’apporter quelque chose à d’autres. Que tout n’est pas chaos et destruction. En outre, c’est l’un des rares domaines où s’établit une véritable coopération Nord-Sud, avec autant de bénéfices des deux côtés. Il y a un problème en France au niveau de la politique de la ville, de la lutte contre la discrimination. La question, pour ces jeunes, fils et filles d’immigrés, est aussi identitaire. Et la solution est à trouver en lien avec le pays d’origine. C’est un vrai problème de politique française pour lequel il y a une solution au Sud. » Enfin, d’autres projets de codéveloppement sont également en cours, comme le programme Tokten, initié par l’ONU et qui permet à des universitaires maliens résidant à l’étranger de séjourner à Bamako pour y donner des cours.

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