BAD : place à la compétence

Publié le 30 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Une semaine après les cinq tours de scrutin des 18 et 19 mai (voir J.A.I. n° 2315), le décryptage des résultats de l’élection du président de la Banque africaine de développement (BAD) est désormais possible. Grâce notamment aux confidences recueillies ici et là, et aux recoupements entre droits de vote nationaux et scores électoraux.
À l’instar des six élections précédentes, celle de 2005 n’a pas échappé aux jeux des alliances politiques : voisinage, coopération bilatérale, solidarité régionale ou simplement hostilité de tel pays à un autre. À Abuja, le vote était donc d’abord politique : un bloc de dix pays d’Afrique australe, conduit par l’Afrique du Sud, a soutenu mordicus le candidat zimbabwéen, qui n’avait aucune chance d’être élu, simplement par solidarité avec le président Robert Mugabe. Résultat : près de 16 % des droits de vote ont été stérilisés, et le scrutin a perdu de sa limpidité. Sans ce soutien, la BAD aurait aujourd’hui un président élu et un avenir certain.
Autre erreur stratégique, le choix initial fait par les deux finalistes d’axer leur campagne sur une partie seulement des votants. Le Rwandais Donald Kaberuka a négligé le vote africain (au 1er tour, il a recueilli moins de 3 % des 60 % de voix). Son rival, le Nigérian Olabisi Ogunjobi, a ignoré le vote des non-régionaux – qui financent la BAD à hauteur de 99 % -, lesquels ne lui ont accordé que 1,4 % de leurs suffrages au 1er tour (sur 40 %).
Ces deux choix ont fait une « victime », le Gabonais Casimir Oyé Mba, qui a rassemblé plus de pays (22 au 1er tour et 26 au 4e tour), mais tous à faible pouvoir de vote. Le refus de la Côte d’Ivoire de soutenir le candidat nigérian a ôté à celui-ci toute chance de passer au 5e tour. De même, le vote « hostile » de l’Égypte a empêché Ogunjobi d’obtenir la majorité absolue (Le Caire et Abuja se disputent le poste de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU…).
Après le vote politique, le vote « scientifique », celui prôné dès le début de la course par les États-Unis, le Japon et les pays scandinaves : choisir le candidat le plus compétent. D’où l’idée de faire passer, la veille du scrutin, un « oral » aux six candidats. Une première ! Chacun avait dix minutes pour faire la preuve de son savoir-faire et défendre son programme. Le seul à s’être exprimé sans lire un texte écrit a été Donald Kaberuka. Il a impressionné par son aisance et la clarté de sa vision. Plusieurs pays ont voté « pour sa compétence ». Ceux qui ne l’ont pas soutenu dès le début – comme la France, qui défendait les couleurs gabonaises -, ont reporté leurs voix sur lui. Kaberuka a vu le nombre de ses soutiens passer de 17 pays au 2e tour à 39 pays au 5e tour.
D’ici à la reprise des votes, les 21 et 22 juillet à Tunis, les concertations devraient permettre de dépasser les derniers clivages. Il manque près de 7 % de voix africaines au Rwandais et un peu plus de 9 % de voix (africaines ou autres) au Nigérian.

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