Une Tunisienne à la tête de la FIDH

Publié le 30 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

La nouvelle mettra un peu de baume au coeur aux militants de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), la plus ancienne organisation de ce type dans le monde arabe et
africain, dont les activités sont presque gelées depuis plusieurs années en raison des tracasseries judiciaires et administratives qu’elle subit. Le 24 avril, à Lisbonne, leur vice-présidente, la journaliste Souhayr Belhassen, a en effet été portée à la tête de la
Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FIDH). Elle succède à l’avocat sénégalais Sidiki Kaba, qui s’est retiré après deux mandats de trois ans. C’est la première fois qu’une femme accède à la présidence de cette fédération créée en 1922 et
qui regroupe aujourd’hui 160 membres.
Souhayr Belhassen, 63 ans, veut voir dans sa désignation un symbole et une reconnaissance. Symbole à l’adresse des femmes et des démocrates du monde arabe, une région « qui compte 300 millions de personnes et n’a jamais connu, sauf, récemment, en Mauritanie et en Palestine, d’alternance politique », et où « la vague porteuse d’espoir
pour la démocratie et les droits humains est venue mourir, étouffée par des États producteurs de violence et d’arbitraire ». Reconnaissance pour un parcours militant entamé au début des années 1990, qui lui a valu plus d’une fois de croiser le fer (et la plume) avec les autorités de son pays natal. La défense des migrants, celle des militants
pour les droits de l’homme des pays du Sud et la lutte contre l’impunité figurent au nombre de ses priorités.
Souhayr a travaillé à Jeune Afrique pendant une vingtaine d’années, jusqu’au début des années 1990, comme correspondante à Tunis. Elle a été l’une des animatrices de la campagne de mobilisation qui permit de sauver de la potence neuf jeunes gens sommairement
condamnés à mort pour leur participation aux « émeutes du pain », en janvier 1984. Elle obtiendra leur grâce, en juin, après une intercession auprès de Wassila Ben Ammar, l’épouse du président Bourguiba.
Le nom de cette grande figure du journalisme tunisien reste associé à celui de Sophie Bessis. Les deux femmes sont en effet les auteurs d’une biographie de Bourguiba (parue en 1990 aux éditions J.A. Livres) qui reste un ouvrage de référence. Souhayr Belhassen a par la suite participé aux débuts de l’aventure Canal Horizons Tunisie. En 1994, après le lancement d’une pétition de solidarité avec les femmes algériennes, on lui a fait comprendre qu’il était préférable qu’elle s’éloigne de son pays. Elle s’est alors installée à Paris et n’est rentrée à Tunis que quatre ans plus tard.

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