Trois questions à Théodore Simburudali

Président d’Ibuka (Association de défense des droits des rescapés du génocide)

Publié le 30 avril 2007 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique : À quels problèmes les rescapés sont-ils confrontés ?
Théodore Simburudali : La sécurité d’abord. Les rescapés cohabitent avec leurs bourreaux, même si tous leurs voisins ne sont pas des criminels. Ensuite, la justice. Nous ne militons pas pour que les gens restent éternellement en prison. Mais il faut en même temps des actes de justice pour montrer qu’on s’intéresse au sort des rescapés. Et puis, nous ne comprenons pas pourquoi les pays qui ont joué un rôle manifeste dans le génocide ne donnent rien pour alléger nos difficultés. Nous continuons à demander au gouvernement la création d’un fonds d’indemnisation. Il ne faut pas oublier les traumatismes. Si nous avons des conseillers sociaux formés par notre association avec l’aide du ministère de la Santé, le pays n’a pas de structures appropriées pour ce genre de cas. Ibuka a entamé des démarches pour un partenariat avec Médecins du monde.
Où en est l’identification des victimes ?
Des familles entières ont été décimées. Nous avons essayé de les identifier. Mais, faute de moyens, notre action s’est limitée, jusqu’à présent, à la seule préfecture de Kibuye, à l’ouest. Parallèlement, il y a un travail de collecte d’informations sur ce qui s’est réellement passé en 1994, facilité par les audiences des tribunaux gacaca. Nous collectons également des documents : armes du génocide, images, enregistrements pour constituer une mémoire des événements de 1994.
Que pensez-vous de la réconciliation nationale ?
Nous y croyons. Le génocide a été commis par des Rwandais. Mais ce pays doit vivre avec toutes ses composantes. Avant, le Rwanda était une nation. Pour qu’il continue à exister, il doit rester une nation. Maintenant, nous partageons tout comme avant le génocide. Nous vivons sur les mêmes collines, participons aux mêmes fêtes de mariage, même si j’ai l’impression que la réconciliation est sollicitée par les rescapés du génocide. Je pense que l’unité du pays est une nécessité pour sa survie. Tous les Rwandais doivent le comprendre.

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