Suffrages d’expatriés

Publié le 30 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Dans les scrutins serrés comme celui du premier tour de la présidentielle 2007 et celui qui se profile avec le second tour, les candidats surveillent de près l’opinion et le vote des 822 944 Français inscrits sur des listes électorales à l’étranger. S’ils sont, le 22 avril, seulement 331 600 à avoir mis leur bulletin dans l’urne, ils représentent tout de même l’équivalent d’un département moyen de l’Hexagone, la Manche par exemple. Les plus grosses communautés de Français expatriés se trouvent bien entendu en Europe, aux États-Unis et au Canada, mais leur nombre n’est pas négligeable sur le continent africain, qui a rassemblé ainsi 20 % des votants « de l’étranger ». Les résultats communiqués par le ministère des Affaires étrangères (et qui devaient encore être validés par le Conseil constitutionnel à l’heure où ces lignes sont rédigées) ne peuvent pas prendre en compte les subtilités liées à la binationalité d’un certain nombre de Français enregistrés sur les listes des consulats. Mais ils révèlent pourtant deux visages de la France en Afrique.
Les pays qui comptent historiquement nombre de coopérants (notamment dans le domaine de la culture) et d’humanitaires principalement l’Afrique occidentale, orientale et australe à l’exclusion de l’Afrique du Sud ont placé Ségolène Royal en tête de leurs suffrages. Parfois massivement, comme en Algérie, au Bénin, en Guinée, au Niger, au Sénégal, en Tunisie et au Togo, où la candidate socialiste l’a emporté avec plus de 40 % des voix, et parfois 50 %.
À l’inverse, l’Afrique centrale, le Maroc et le Maghreb non francophone n’ont pas dérogé à la règle observée depuis longtemps, et ont préféré le candidat de droite, Nicolas Sarkozy. En Afrique du Sud, dans les deux Congos, en Côte d’Ivoire, à Djibouti, au Gabon et à Madagascar, le patron de l’UMP a séduit, à plus de 40 %, les Français installés dans des pays où règne un accueillant climat d’affaires. Bref, rien de très étonnant quand on regarde les différences marquées entre l’électorat des deux candidats sur le territoire national.
Tout comme dans les départements français, les candidats des extrêmes (droite et gauche) ont fait de très mauvais scores, alors que l’homme du centre, François Bayrou, a su séduire ses compatriotes expatriés.
Dans douze pays (sur les quarante-quatre où les Français ont pu voter), le candidat de l’UDF réussit même la performance d’arriver en deuxième position. En Éthiopie, au Burundi, en Guinée-Bissau, au Soudan, où Royal arrive en tête, Bayrou passe devant Sarkozy. Dans les pays du Maghreb traditionnellement de gauche (et qui ont accordé leur préférence à Royal), sa percée est largement supérieure à celle qu’il a réalisée en France. Ainsi de l’Algérie, où avec 24 % des 4 693 suffrages exprimés, il fait presque le double de Sarkozy (14 %). Ainsi, surtout, de la Tunisie, où il explose les compteurs avec 30 % des 6 000 suffrages exprimés. Dans trois pays, François Bayrou arrive, à l’inverse, derrière Sarkozy et devant Royal : en Afrique du Sud, à Djibouti et en Libye. Dans la patrie du « Guide », il lui manque quatre voix (sur 184 suffrages exprimés, certes, c’est peu) pour passer en tête.
Comme en France, ce sont donc les deux finalistes qui l’ont largement emporté. Le 21 avril 2002, quand les Français de Côte d’Ivoire, du Cameroun ou du Gabon plaçaient Jean-Marie Le Pen en troisième position, est décidément bien loin.

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