Retour au plan Clinton

Dans une tribune publiée par Haaretz, l’ancien ministre israélien des Affaires étrangèresestime que l’État hébreu doit reprendre à son compte le projet d’accord israélo-arabeélaboré en 2000 à l’initiative de l’ex-président américain.

Publié le 30 avril 2007 Lecture : 3 minutes.

Quelles vont être les réactions du Premier ministre Ehoud Olmert, de la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni et du leader de l’opposition, le président du Likoud
Benyamin Netanyahou, à l’initiative de paix saoudienne ? Les responsables politiques, disait Abba Eban, prennent les bonnes décisions, mais seulement après avoir épuisé toutes les autres options.
Le plan saoudien va encore plus loin que le plan Clinton, dont le chef d’état-major des forces israéliennes de l’époque, le général Shaul Mofaz, prétendait qu’il représentait une menace existentielle pour Israël. Les gens du Likoud, dont certains dirigent aujourd’hui le pays, le qualifiaient de totalement irresponsable. Le plan Clinton était pourtant l’aboutissement des négociations les plus courageuses et les plus lucides sur le
règlement du problème palestinien qu’un gouvernement israélien ait jamais osé mener.

Certes, personne n’imagine que l’initiative saoudienne puisse être considérée comme les Saintes Écritures et tout le monde veut y faire des changements. Il est cependant peu probable que la Ligue arabe accepte de modifier de fond en comble un plan de paix fondé sur le consensus de ses vingt-deux membres avant même le début des négociations officielles. C’est particulièrement vrai à la lumière des doutes qui pèsent sur la capacité du gouvernement israélien lequel n’a toujours pas supprimé un seul avant-poste illégal de convaincre le pays de prendre une décision critique, quels que soient les changements apportés.
Si les négociations et les amendements deviennent une réalité, il apparaîtra rapidement que ce à quoi se préparent les dirigeants actuels du pays est en fait le plan Clinton. C’est leur dernière ligne de défense. La pierre que les architectes ont rejetée est
devenue la pierre angulaire.
L’initiative saoudienne diffère du plan Clinton sur trois problèmes clés : les territoires, Jérusalem et les réfugiés. Le plan saoudien parle d’un retour aux frontières de 1967. Le plan Clinton a adopté le principe de garder trois blocs de colonies en Cisjordanie sur la base d’un échange territorial, ce qui aboutirait à un retrait israélien de 97 % de la Cisjordanie. Aujourd’hui, les conditions ne sont plus les mêmes et la situation en Palestine a été changée par la montée du Hamas. Il n’y aura
pas d’accord s’il n’y a pas un retour aux frontières de 1967, même accompagné d’un échange territorial.
À Jérusalem, l’initiative saoudienne prévoit une nette séparation entre l’est et l’ouest de la ville. Le plan Clinton avait adopté un principe défini par l’auteur de ces lignes et accepté par les Palestiniens : une division fondée sur la nationalité qui laisserait les quartiers juifs de Jérusalem-Est sous la souveraineté israélienne. Je crois que le Premier ministre israélien de l’époque, Ehoud Barak, a eu tort d’accepter un partage de la Vieille Ville et qu’il aurait été mieux de négocier des dispositions particulières pour cette zone compliquée, sans partage de souveraineté.

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Sur le problème des réfugiés, je doute que nous puissions améliorer le plan Clinton, qui est fondé sur le strict respect du droit souverain d’Israël de décider qui est accepté dans le pays. Le plan ne garantissait pas un droit effectif au retour, et les auteurs de l’Initiative de Genève en ont trahi les principes lorsqu’ils ont accepté un nombre égal à la moyenne du nombre total que des pays tiers acceptaient d’accueillir.
Il n’est donc pas nécessaire de réinventer la roue et le gouvernement israélien ne se déshonorerait pas s’il utilisait les efforts de ses prédécesseurs pour se faire une place dans l’Histoire. Les Arabes mettront sur la table l’initiative saoudienne et les Israéliens viendront avec le plan Clinton. L’accord final se trouve entre les deux.
Les tournants historiques se sont généralement produits lorsqu’il y avait une rencontre entre des conditions adéquates et des dirigeants capables de convaincre leur peuple de prendre une décision difficile et nécessaire. Les conditions sont incontestablement
réunies. Jamais depuis les débuts de l’aliyah sioniste, le monde arabe qui craint plus
que tout le tsunami islamiste n’a été aussi disposé à trouver un accord avec l’État hébreu. Il ne suffit pas, cependant, que les conditions soient réunies. Sans des dirigeants lucides et décidés à y aller franc-jeu, capables de dire au peuple quelques vérités bien senties, cette fenêtre d’opportunité risque, une fois de plus, de trouver porte close.

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