Passe d’armes à huis clos

Publié le 30 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

« Si je dois partir, ce sera par la volonté des chefs d’État », avait déclaré le Gabonais
Jean-Félix Mamalepot, gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), lors de la réunion des ministres de la zone franc à Lomé, le 5 avril. Il ne croyait pas si bien dire ! Lors du 8e sommet de la Communauté économique et monétaire des États de
l’Afrique centrale (Cemac)*, le 25 avril à N’Djamena, lesdits chefs d’État ont annoncé son départ à l’issue d’un huis clos de plus de sept heures. Au coeur des discussions, la répartition des postes et l’équilibre des pouvoirs au sein des diverses institutions
régionales. Il s’agit d’une exigence de la Guinée équatoriale, qui grâce à ses pétrodollars détient 47 % des avoirs de la BEAC. Pour Malabo, l’accord tacite qui octroie le secrétariat exécutif de la Cemac à un Camerounais et la direction de la Banque à un Gabonais n’a plus de raison d’être.
« Finalement, explique un observateur, Paul Biya a tenu bon et Omar Bongo Ondimba a, pour l’instant, préservé l’essentiel en cédant sur l’accessoire. » En face, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le président équatoguinéen, soutenu, semble-t-il, par le Tchadien Idriss Déby Itno, était bien décidé à faire prévaloir ses vues. Laborieusement mis au
point et rendu public après plusieurs interruptions de séance, le communiqué final ne règle rien sur le fond. Le Camerounais Antoine Ntsimi succède à son compatriote Jean
Kuété, nommé ministre de l’Agriculture en octobre 2006. Quant à la BEAC, Mamalepot a été sacrifié, mais aucun successeur n’a été désigné. Sera-t-il Gabonais, alors qu’un poste de vice-gouverneur a été créé ?
Faute de trancher, les chefs d’État ont demandé à Obiang Nguema de conserver la présidence du comité chargé de réfléchir à une réforme des institutions régionales. La Guinée équatoriale continue d’exiger l’élection pour sept ans non renouvelables du gouverneur de BEAC. La veille, le Libyen Mouammar Kadhafi avait longuement plaidé pour la création d’un gouvernement continental. Les turbulences qui affectent la Cemac en donnent sans doute un avant-goût ! Le prochain sommet de l’organisation est prévu au Cameroun, à une date non précisée. En attendant, les passeports Cemac seront mis en circulation le 1er juillet. Voilà au moins une avancée.

* Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad.

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