Joël-Éric Missainhoun

Membre associé du cabinet AfricSearch, chargé de recrutement, Paris

Publié le 30 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Qu’est-ce qui décide ceux qui sont formés et qui travaillent en Occident à rentrer, alors qu’ils croisent sur le chemin des milliers de jeunes qui viennent chercher du travail ?
Joël-Eric Missainhoun : Une des différences réside dans la notion de « diplôme ». La majorité de ceux qui quittent l’Afrique le font parce qu’ils n’ont pas de formation ou qu’elle n’est pas du tout adaptée aux besoins du marché africain, du fait notamment de la baisse de qualité des formations locales. A contrario, ceux qui partent d’Europe sont bien formés, ils ont un très bon niveau et un profil que recherchent les entreprises locales. Vient ensuite la question des prétentions, salariales notamment. Ceux qui rentrent sont en effet des cadres ayant une formation supérieure avec, le cas échéant, une bonne expérience professionnelle. Ils aspirent de plus en plus à rentrer en Afrique, car, contrairement à ce qu’on peut penser, le marché européen maintient une préférence communautaire de l’emploi. Sans parler du plafond de verre sur lequel finiront par buter les ambitions de celles et ceux qui arrivent par leur mérite et leur persévérance à décrocher un poste.

Quelles conditions exigent-ils avant de s’engager à rentrer ?
La majorité de ceux qui décident de rentrer font avant tout un choix de mode et de qualité de vie. Bien entendu, les retours se font essentiellement vers des destinations qui présentent une certaine stabilité politique et économique. En ce qui concerne les conditions salariales, celles qui sont proposées aujourd’hui tiennent de plus en plus compte du marché international. Les entreprises, surtout les multinationales, commencent
à prendre conscience qu’on ne débauche pas un cadre en Europe pour le faire rentrer en Afrique sans lui proposer des conditions contractuelles d’un niveau tout à fait convenable. Les salaires sont de plus en plus élevés et correspondent à des rémunérations
de cadres supérieurs.

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Quels sont les principaux secteurs où trouver du travail ?
Les secteurs qui recrutent aujourd’hui sont la banque, la finance, les assurances, l’agroalimentaire et les télécommunications, avec le boom de la téléphonie mobile notamment, où l’on recrute beaucoup de commerciaux et de spécialistes du marketing.

Il semble que beaucoup hésitent encore à sauter le pas…
Pour ceux qui n’ont pas encore fait le choix de rentrer, je pense que c’est avant tout pour des considérations personnelles. Ce n’est pas qu’il y a forcément quelque chose qui
les empêche de rentrer, mais plutôt que le moment n’est pas encore venu. Le retour doit se faire selon un programme et une préparation bien orchestrés. En général, on ne rentre
pas sur un coup de tête après plusieurs années passées à l’étranger, parfois avec une famille et des enfants scolarisés. C’est donc souvent une question de convenance personnelle et de bon timing.

Quelles sont les difficultés que rencontre un cabinet de recrutement comme le vôtre ?
Les obstacles ne sont pas particulièrement liés aux candidats. Ils sont plutôt du côté des entreprises en Afrique. Elles ont encore du mal à prendre conscience de l’importance
des ressources humaines dans leur développement. Cela est en train de changer, notamment dans les filiales africaines des multinationales. Mais il faudra encore un peu de temps
pour que les entreprises du continent prennent véritablement conscience de l’importance d’une bonne gestion des ressources humaines pour la vitalité de leur activité.

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