RDC : mandat d’arrêt britannique contre le directeur général d’Eurasian Resources Group
Benedikt Sobotka n’a pas répondu à une convocation des autorités britanniques dans le cadre d’une enquête pour corruption dans l’achat d’actifs miniers en RDC. Le Serious Fraud Office a donc lancé un mandat d’arrêt contre le patron du groupe.
L’agence gouvernementale britannique Serious Fraud Office (SFO), chargée de mener l’enquête sur des cas graves et complexes de corruption, a lancé vendredi 13 juillet un mandat d’arrêt à l’encontre de Benedikt Sobotka, directeur général du groupe minier d’origine kazakhe – mais enregistré au Luxembourg – Eurasian Resources Group (ERG).
Selon le communiqué publié vendredi sur le site du SFO et relayé par le Financial Times, le chef d’entreprise de 37 ans ne s’est pas présenté à la convocation des autorités britanniques, le 26 juin dernier dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption de la part d’Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC), son ancienne entité enregistrée au Royaume-Uni, qui exploite notamment du cuivre et du cobalt au Katanga.
Acquisition rapide d’actifs miniers en RDC
Les soupçons de corruption visant ENRC remontent à plusieurs années. En juin 2012, déjà, l’ONG Global Witness avait adressé aux actionnaires de l’entreprise une lettre lapidaire : « ENRC doit publiquement répondre aux préoccupations concernant les risques de corruption liés à son acquisition rapide d’actifs miniers en RDC », écrivait-elle, citant notamment le rachat par ENRC de la Camec, en 2009, pour 955 millions de dollars, ou encore la prise de contrôle de la mine de Kolwezi, après l’expulsion forcée du groupe First Quantum.
Autant d’opérations « réalisées en collusion apparente avec l’homme d’affaires controversé Dan Gertler, qui est un ami du président congolais Joseph Kabila », précisait Global Witness. L’année suivante, ENRC se retirait de l’indice boursier britannique, le FTSE, et voyait ses actifs rachetés par Eurasian Resources Group.
Ce qui ne l’a pas empêché par la suite d’étendre ses activités minières en RDC – mais aussi en Afrique du Sud, au Mali, au Mozambique, en Zambie et au Zimbabwe. En 2015, le groupe a ainsi conclu un accord de financement de plus de 700 millions de dollars avec les banques chinoises ICBC et China Eximbank pour développer ses projets liés au cuivre et au cobalt au Katanga.
Le dirigeant n’est « pas un suspect »
Dans son communiqué, le SFO précise que Benedikt Sobotka n’est « pas lui-même un suspect dans l’enquête », mais que le fait de « ne pas se rendre à une convocation du SFO sans motif valable constitue une offense à l’appareil judiciaire, passible de six mois de prison et d’une amende d’un montant illimité ».
« Un mandat d’arrêt est une mesure rare mais nécessaire pour s’assurer de la présence de M. Sobotka devant le tribunal [dans le cadre d’] un processus d’enquête fréquemment utilisé dans nos enquêtes criminelles », ajoute le communiqué. La mesure pourrait cependant ne pas être suivie d’effet, le dirigeant étant domicilié en Allemagne et le mandat d’arrêt britannique n’ayant pas une portée européenne (ce qui aurait été le cas pour une infraction passible de plus d’une année de prison).
Kevin Roberts, l’avocat de Benenikt Sobotka, a fait part au Financial Times de sa « surprise » devant l’émission de ce mandat d’arrêt, et a indiqué que cette action constituait « une tentative sans précédent et extraordinaire d’intimider le PDG d’une multinationale ». Il a ajouté que son client était « prêt à aider les autorités ».
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