Choses promises, choses dues

Publié le 30 avril 2007 Lecture : 2 minutes.

Cheikh Abdallahi n’a pas perdu de temps. Dès le lendemain de son investiture, le 20 avril, le nouveau chef de l’État a nommé son Premier ministre : Zeine Ould Zeidane (41 ans), arrivé en troisième position au 1er tour de la présidentielle avec 15,27 % des suffrages. Normal, puisqu’il lui avait promis le poste en échange de son ralliement entre les deux tours
Pour les autres portefeuilles ministériels, en revanche, il a fallu patienter. « Il n’y a que des rumeurs, rien ne filtre, déplore un observateur. Au moins, avant, on avait des informations. » À l’heure où ces lignes sont écrites, la composition du gouvernement, qui était attendue pour le 20 avril, n’était toujours pas connue. C’est qu’avant de distribuer les maroquins, le successeur d’Ely Ould Mohamed Vall a tenu à organiser les élections des bureaux des deux Assemblées, le 26 avril. Un moyen de se prémunir contre une éventuelle grogne des députés de son propre camp déçus par ses choix ministériels (ces derniers sont censés prendre en compte la seule compétence). « Sidi » aurait été en effet bien embarrassé si ses amis politiques avaient refusé d’élire Messaoud Ould Boulkheir à la présidence de l’Assemblée nationale, alors qu’il lui avait promis le poste en échange de son ralliement !
La stratégie a été payante : 91 des 95 députés ont finalement choisi de placer ce dernier au perchoir. Parmi eux, l’ensemble des représentants de la Coalition des forces du changement démocratique (CFCD), qui regroupe les partis de l’ancienne opposition. Deux jours avant le vote, Ahmed Ould Daddah, l’adversaire de Cheikh Abdallahi au second tour, avait appelé ses partisans à apporter leurs suffrages à l’avocat de la cause haratine, inflexible opposant à l’ancien régime. Conformément à une règle non écrite, la présidence du Sénat est revenue à un Négro-Mauritanien : Ba Mbaré, qui fut le dernier ministre des Pêches de Maaouiya Ould Taya.
Depuis son exil qatari, le chef de l’État déchu observe la recomposition du paysage politique de son pays et, selon un journal émirati citant des sources diplomatiques, aurait le projet d’y retourner. Rien ni personne ne s’y opposant, le choix du moment lui appartient. Son tombeur, Ely Ould Mohamed Vall, a quant à lui choisi d’assister au spectacle depuis l’Inchiri, dans le nord du pays, où il s’est rendu après avoir laissé la place à Cheikh Abdallahi. Le temps de réfléchir à ses projets.

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