Chirac, le retraité de la rive gauche

Que va devenir le futur ancien chef de l’Etat ?

Publié le 30 avril 2007 Lecture : 3 minutes.

C’est au pas de course que le Premier ministre guinéen, Lansana Kouyaté, nous a rendu visite, le 20 avril. Entre deux rendez-vous, l’un à Bercy, siège du ministère français des Finances, et l’autre avec la multinationale canadienne Alcan, il a pris le temps de faire une halte au 57 bis, rue d’Auteuil. Sans toutefois disposer de suffisamment de temps pour savourer le déjeuner qui lui a été offert. À peine a-t-il terminé son dessert qu’il doit prendre congé. Et lance à l’adresse de Béchir Ben Yahmed : « Je vous remercie pour cet accueil chaleureux. J’ai beaucoup apprécié le repas. » Son cortège s’ébranle. Kouyaté a, semble-t-il, souhaité mettre à profit chacun des instants de sa première visite en Europe (du 14 au 25 avril) en tant que chef du gouvernement.

Arrivé à Paris à la tête d’une délégation comprenant les ministres des Finances, Ousmane Doré, et des Affaires étrangères, Abdoul Kabélé Camara, le Premier ministre guinéen a tout d’abord rencontré les officiels français : entrevue avec son homologue, Dominique de
Villepin, visite à l’Élysée Au cours de ces entretiens, aucun des aspects de la coopération entre la France et la Guinée n’a été occulté. Kouyaté est reparti avec des engagements fermes : appui du gouvernement français pour obtenir le rééchelonnement de la dette guinéenne à l’égard du Club de Paris ; intervention auprès du Fonds monétaire international (FMI) avant la reprise de contact prévue le 26 avril ; suspension du paiement des arriérés dus par la Guinée à l’Agence française de développement (AFD) depuis octobre 2006 ; reprise immédiate par l’AFD des travaux de rénovation du Port de Conakry
Le pays, dont les caisses sont désespérément vides, a besoin d’argent pour combler le déficit chronique d’électricité. Kouyaté réussit à obtenir un crédit revolving de 20 millions d’euros au profit d’Énergie de Guinée (EDG). Mais également une promesse ferme
de 130 autres millions dont le contrat de prêt doit être signé le 2 mai au plus tard à Conakry destinés à d’autres secteurs de l’économie.
Afin de promouvoir les investissements dans son pays, le Premier ministre a également rencontré le Medef, le patronat hexagonal, dont une délégation devrait se rendre à Conakry au courant du mois de mai. Devant les dirigeants des plus grandes entreprises, il a exposé les possibilités qu’offre son pays.
Les entrepreneurs français, quant à eux, n’ont pas manqué de l’interroger sur la remise en cause des contrats miniers qu’il est soupçonné d’avoir amorcée dans son pays. Le chef du gouvernement se veut rassurant, mais ferme : « Je ne peux pas vouloir accueillir des investisseurs et en même temps les effrayer. Le fait est que des contrats, manifestement léonins, ont été signés ces dernières années par des cadres guinéens véreux. Je demande simplement que l’équilibre soit rétabli. Ce qui, d’ailleurs, est dans l’intérêt des
entreprises. Car si notre pays n’a pas de ressources pour faire face à la demande sociale, l’escalade de la violence risque de stopper l’activité des entreprises et de leur faire perdre de l’argent. »
Après l’étape parisienne, le Premier ministre s’est rendu, le 23 avril, à Bruxelles pour « redynamiser » les rapports longtemps gelés entre son pays et l’Union européenne (UE). Après s’être longuement entretenu avec Louis Michel, le commissaire au Développement, Kouyaté a obtenu le déblocage de 46 millions d’euros au titre du IXe Fonds européen de développement (FED). Et un engagement ferme de l’UE à reprendre la coopération avec Conakry.
Partout, au cours de son séjour, Lansana Kouyaté a interpellé ses interlocuteurs sur la nécessité de soutenir son pays. J.A. n’a pas échappé à la règle. Sur le livre d’or, il a tracé à l’encre noire : « Je suis convaincu que Jeune Afrique accompagnera la Guinée dans la merveilleuse aventure de son changement. »

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