Arbitrage : quand la CAF voit rouge
À peine les joueurs de foot africains éliminés du Mondial, c’était des arbitres du continent qui étaient sanctionnés : 22 membres du corps arbitral africain avaient ainsi été suspendus…
-
Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 17 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.
Comme si l’élimination, dès le premier tour, de toutes les équipes africaines de la phase finale de la Coupe du monde de football ne suffisait pas, voilà le cocotier de l’arbitrage secoué sur le continent. Le 7 juillet dernier, le jury disciplinaire de la Confédération africaine de football (CAF) suspendait plusieurs arbitres africains cités dans des affaires de corruption. Ce sont 22 « hommes en noir »qui sont concernés par les sanctions allant de la radiation à vie à des suspensions provisoires.
L’arbitre assistant kényan Marwa Range voit ainsi sa carrière prendre fin. Le Gambien Ebrima Jallow et le Togolais Yanissou Bebou écopent chacun d’une suspension de 10 années de toute activité liée au football dans le cadre de la CAF. C’est pendant 6 ans que l’Ivoirien Denis Dembele rongera quant à lui son frein, tandis que le Burkinabè Boukari Ouedraogo devra attendre 5 années, s’il veut voir sa candidature à nouveau ratifiée par la Confédération continentale de foot.
Les suites du documentaire du journaliste ghanéen masqué Anas Aremeyaw Anas
Pour onze spécialistes du sifflet, la suspension n’est que temporaire, jusqu’à l’examen de leurs cas par le jury disciplinaire qui devra statuer le 5 août prochain.
Pourquoi ce coup de tonnerre, quelques jours à peine après une retraite de Russie à laquelle, d’ailleurs, aucun des arbitres sanctionnés n’a participé ? La réponse n’est pas à chercher dans un défaut de compétence technique, mais dans une présomption de fragilité éthique. Si la CAF évoque, dans son communiqué, des « allégations de corruption formulées dans les médias », tout le monde pense au documentaire « Number 12 » du fameux journaliste masqué Anas Aremeyaw Anas.
>>> À lire – Mondial 2018 : le football africain tué par le manque de vision de ses dirigeants
C’est il y a un peu plus d’un mois qu’était diffusé le film d’investigation du reporter ghanéen, enquête qui mettait au jour – caméras cachées à l’appui – un système de corruption largement à l’œuvre dans le football national et international. Le scoop avait été à ce point pris au sérieux que le président de la Fédération ghanéenne, Kwesi Nyantakyi, avait dû quitter son poste, lui qui occupait par ailleurs le poste premier vice-président de… la CAF. Or, le documentaire présente une vidéo de Marwa Range – qui a reçu la sanction la plus lourde de la CAF – en train d’accepter 600 dollars en échange d’une promesse de prestation truquée. De prestation au Mondial 2018, le Kényan n’en a pas connu, quand bien même il avait été retenu pour la compétition de Russie.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?