Ce que Gbagbo veut de l’ONU
Arrivée le 9 avril avec pour mission d’« évaluer » l’accord politique de Ouagadougou, la délégation onusienne est restée douze jours en Côte d’Ivoire, où elle a rencontré tous les protagonistes de la crise, du président Laurent Gbagbo au « facilitateur » Blaise Compaoré, en passant par le Premier ministre Guillaume Soro et l’opposition politique réunie au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Elle n’avait pas encore quitté la région que les uns et les autres lui ont fait part, par écrit, de leurs desiderata à l’intention de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU.
Le RHDP et Soro souhaitent que l’organisation maintienne en place la structure de l’Onuci existante, ainsi que les modalités de certification et d’observation des élections décidées d’un commun accord par tous les Ivoiriens, Gbagbo compris, à Pretoria il y a deux ans. À l’inverse, dans sa lettre adressée le 18 avril à Hedi Annabi, le secrétaire général adjoint qui conduisait la délégation, le chef de l’État se prononce pour une réduction a minima du rôle de l’ONU. La communauté internationale étant manifestement désireuse de se retirer progressivement du dossier ivoirien, la plupart de ses demandes devraient être acceptées par le Conseil de sécurité, qui adoptera une nouvelle résolution à la fin du mois, après que Ban Ki-moon lui aura rendu son rapport.
Parmi ces demandes figurent : 1. la suppression du Groupe de travail international, rendu inutile par la mise en place, après l’accord du 4 mars, du Comité d’évaluation et d’accompagnement (où siège l’opposition) ; 2. la modification, voire la suppression pure et simple, du mandat du haut représentant pour les élections (HRE), le Suisse Gérard Stoudmann.
« Je suis, écrit Gbagbo, du même avis que le facilitateur pour dire que l’ONU doit s’en tenir à un rôle d’observation et d’appui au processus électoral. Ni l’arbitrage ni la certification ne doivent être inclus dans ses attributions. Le rôle d’un Haut représentant pour les élections en Côte d’Ivoire devient dès lors sans objet. La division électorale de l’Onuci peut, à mon avis, jouer un rôle d’avis et d’appui-conseil du processus électoral. » De source diplomatique, Compaoré n’aurait pas, contrairement à ce que prétend Gbagbo, demandé la suppression du HRE.
Le président ivoirien estime également « souhaitable de ne pas donner l’impression, par la nomination d’un nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations unies [Pierre Schori, qui a quitté Abidjan il y a deux mois, NDLR], de renforcer la composante civile de l’opération, au moment où on assiste à une réduction importante des effectifs militaires ». Sur ce point, il aurait lâché du lest depuis le 18 avril. Mais il maintient que l’Onuci doit « se transformer en structure d’appui à la consolidation de la paix ».
En attendant l’arbitrage de l’ONU, la formation de brigades mixtes associant soldats loyalistes et anciens rebelles n’a toujours pas commencé. L’accord de Ouaga en avait pourtant fait une priorité.
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