États-Unis

Publié le 2 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Quatre ouvrages(*) sont sortis, ces derniers mois, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, dont trois évoquent dans leur titre un « nouvel antisémitisme ». Ces livres, et les cover stories de périodiques, présentent ce « nouvel antisémitisme » comme un « danger évident et actuel ». L’un des auteurs, Abraham Foxman, écrit : « Une effrayante coalition de sentiments antijuifs se forme à l’échelle mondiale. » Un autre auteur, Phyllis Chesler, va
encore plus loin : « Soyons clairs : la guerre contre les juifs est menée sur de nombreux fronts militairement, politiquement, économiquement et par la propagande sur tous les continents Qui ou quoi peut déchaîner la folie qui a saisi le monde et menace d’annihiler les juifs et l’Occident ? »
Dans l’hebdomadaire The Nation, publié à New York, ville qui compte 1,72 million des 5,7 millions de juifs américains, Brian Klug analyse longuement ces divers ouvrages. Pour lui, pas de doute, ce « nouvel antisémitisme » est un « mythe » : c’est le titre de son article. Qu’y a-t-il de nouveau dans ce nouvel antisémitisme ? se demande-t-il. Réponse : l’antisionisme.
Pour Abraham Foxman, « la plupart des attaques contre Israël et le sionisme ne portent pas, en réalité, sur la politique et le comportement d’un État nation : elles s’en prennent aux juifs ». Dire du mal d’Israël, c’est donc être antisémite. « Je suis
convaincu, affirme Foxman, que nous faisons face à une menace aussi grave pour la sécurité du peuple juif que celle à laquelle nous avons fait face dans les années 1930, sinon plus grave. »
« Affirmer que l’hostilité à l’égard d’Israël et l’hostilité à l’égard des juifs sont une seule et même chose, répond Brian Klug, c’est faire un amalgame entre l’État juif et le peuple juif. En fait, Israël est une chose ; la communauté juive, une autre. L’antisionisme est donc une chose ; l’antisémitisme, une autre. »
Il est vrai, reconnaît Klug, que l’État hébreu est plutôt tenté par un tel « amalgame ». « Israël, écrit-il, ne se considère pas comme un État qui se trouverait être juif par hasard, comme le royaume médiéval des Khazars. » Israël se voit, selon la formule de son Premier ministre Ariel Sharon, comme « le collectif juif », l’État souverain du peuple juif dans son ensemble, « le centre national et spirituel de tous les juifs du monde ». « L’aliyah [« l’immigration juive »], déclarait Sharon en décembre 2003, est l’objectif numéro un de l’État d’Israël. » Mais beaucoup de juifs, affirme Klug, ne se sentent pas de liens particuliers avec Israël ou sont même opposés à sa politique.

* Never Again ? The Threat of the New Anti-Semitism, Abraham Foxman ; The Case for Israel, Alan Dershowitz ; The New Anti-Semitism : The Current Crisis and What We Must Do About It, Phyllis Chesler ; A New Anti-Semitism ? Debating Judeophobia in 21st Century Britain, Paul Iganski and Barry Kosmin

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires