Quel malheur que d’être riche

Publié le 3 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Il existe aux Etats-Unis un groupe d’entraide d’un genre assez particulier. Il s’agit d’hommes et de femmes déprimés par leur trop grande richesse. Oui, oui, vous avez bien lu. Ces malheureux qui cherchent un peu de réconfort auprès de leurs compagnons d’infortune, si l’on ose dire, ont tellement d’argent qu’ils n’en peuvent plus. Plaignez le pauvre milliardaire qui doit chaque matin faire des choix épuisants. Après la douche, le martyre commence. Quelle montre me donnera l’heure aujourd’hui ? La Rolex, la Piaget, la Patek Philippe ? Quelle chemise, parmi les milliers qui débordent des tiroirs, quel costume parmi les centaines qui encombrent la penderie ? Une fois vêtu de pied en cap, après d’épuisantes hésitations, c’est l’heure de se sustenter. Le cauchemar continue. Dans une famille américaine moyenne, on compte déjà une bonne douzaine de marques de céréales dans les placards de la cuisine. Alors, un milliardaire Les champs de blé du
Midwest lui dégringolent dessus chaque matin, sous mille noms différents. La Beauce et la Brie s’invitent aussi, puisque rien n’empêche notre homme de se faire livrer par avion spécial de vrais croissants français ou du pain de chez Poilâne. Il faut aussi penser
aux vitamines, mais lesquelles ? Les pilules rouges, les jaunes, les bleues, les phosphorescentes ?
Bon, au boulot. La porte du garage ouverte, ça recommence. Quelle voiture subira le séant du seigneur plein aux as ? Si je prends la Porsche, je serai plus vite rendu, mais cela attirera les regards. La Ferrari, n’en parlons pas, je pourrais aussi bien directement téléphoner à la mafia russe : « Messieurs, kidnappez-moi. » La Mercedes est blindée, mais la BM plus jolie. La Kia, passe-partout mais hideuse. La Ford ? La Smart, carrément ? Une trottinette ?
Enfin, n’insistons pas, vous voyez le topo. Interrogée par nos soins, la dame qui a fondé Billionaires Anonymous nous révèle en une phrase l’essence du problème :
Il n’y a rien que mon cur désire. Car j’ai déjà tout. C’est terrible de ne plus rien vouloir. Vous avez de la chance, Monsieur, vous qui êtes si mal vêtu, une banale cravate de chez Hugo Boss doit vous faire saliver. Quant à Armani, posséder un jour un de ses costumes doit être pour vous une raison de vivre.
J’ai quitté madame Crésus sans lui demander si elle avait lu Don Quichotte et Les Mille et Une Nuits, si elle avait parcouru les ruelles du Caire et celles de Naples, si elle connaissait Oum Kalthoum et Marin Marais, si elle avait arpenté la savane, la brousse et la taïga. Il y a des gens qui ne sont tout simplement pas doués pour le bonheur.

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