Tunisie : le parti Al-Massar se retire du gouvernement de Youssef Chahed
Le parti Al-Massar, qui participe à l’exécutif avec le portefeuille de l’Agriculture, a décidé de se retirer du gouvernement mardi soir, à l’issue d’une réunion du bureau politique. De quoi fragiliser un peu plus le gouvernement de Youssef Chahed.
Al-Massar ne fera plus partie du gouvernement Chahed. En 2016, lors de la constitution du gouvernement d’union nationale, Samir Taïeb, secrétaire général du parti, avait imposé à la direction d’Al-Massar, son entrée dans l’exécutif. « Il manque à la gauche tunisienne l’expérience de la pratique du pouvoir, c’est l’occasion de le faire », arguait alors Samir Taïeb, devenu par la suite ministre de l’Agriculture. Il avait également intégré la formation qui regroupait les signataires de l’accord de Carthage – ensemble de neuf partis et instances nationales qui édictent la feuille de route du gouvernement -.
Al-Massar, ancien Ettajdid, avait approuvé la démarche du bout des lèvres tant elle était loin de sa ligne politique, celle d’un des plus anciens partis de gauche tunisiens. Depuis plusieurs mois, rien n’allait plus entre Samir Taïeb, qui prenait fait et cause pour le gouvernement, et la formation qui peinait à contenir son secrétaire général.
L’incident de trop
La sortie d’Al-Massar du gouvernement était dans l’air depuis un mois, lorsque Samir Taïeb s’était mis « temporairement » en retrait du parti mais persistait à être présent aux réunions des accords de Carthage, alors qu’il ne le représentait plus. Un incident suffisamment grave qui a poussé Al-Massar à se retirer du gouvernement.
Désormais le parti, qui a longtemps été leader de l’opposition, a les coudées franches pour retrouver sa position de vigie et de critique politique. Dans le communiqué émis par le bureau politique dans la soirée du 17 juillet, il a précisé « qu’il n’est pas concerné par tout ce qui tourne autour de ce gouvernement en termes de tiraillements et de conflits qui n’ont aucun lien avec l’intérêt national ».
>>> A LIRE – Tunisie : Chahed or not Chahed ?
Conséquence : Samir Taïeb, qui avait été désigné en raison de son appartenance à Al-Massar afin de contribuer à un gouvernement d’union nationale, ne représente plus que lui-même et contribue à brouiller les cartes.
La décision du parti le met à mal et fragilise d’autant plus le gouvernement de Youssef Chahed qui a perdu le soutien des partis, excepté celui d’Ennahdha. Les options du patron de la Kasbah s’amenuisent : il peut soit affronter l’Assemblée en lui demandant de lui renouveler sa confiance – qui est loin d’être acquise -, soit démissionner. C’est à cette décision qu’est suspendu son avenir politique.
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