Quand l’auto va, tout va

Usines modernes, main-d’oeuvre bon marché, matériaux de base peu coûteux… L’industrie automobile est en pleine expansion.

Publié le 1 mars 2004 Lecture : 3 minutes.

Eviter les embouteillages qui paralysent l’autoroute reliant Johannesburg et Pretoria : voilà le défi de l’automobiliste qui emprunte, matin et soir, l’un des axes les plus fréquentés d’Afrique du Sud. Signe de la bonne santé de l’industrie automobile dans ce pays, General Motors (GM) vient de faire tomber dans son escarcelle plusieurs usines sises à Port Elizabeth, dans la province du Cap-Oriental. À la fin de janvier, le constructeur américain a en effet pris le contrôle de Delta Motors, l’un des principaux fournisseurs du marché local derrière Toyota, Volkswagen, Ford et DaimlerChrysler, en rachetant les 51 % de parts qui lui manquaient. Dix-huit ans après avoir quitté l’Afrique du Sud à cause de l’embargo qui frappait le régime de l’apartheid, GM revient donc en force dans un pays au potentiel considérable, puisqu’il produit 83 % des voitures fabriquées en Afrique.
Représentant aujourd’hui 6,4 % du PIB, l’industrie automobile est le troisième secteur d’activité sud-africain après les mines et l’agriculture. Si le marché local reste étroit, avec un peu moins de 370 000 véhicules vendus en 2003 – ce qui correspond à peu près au marché portugais -, les exportations ne cessent de grimper, et ce malgré la volatilité de la monnaie sud-africaine. Avec un peu plus de 127 000 voitures vendues à l’étranger, elles sont passées en 2003 à presque 31 % de la production locale, contre 3 % en 1996.
Des usines modernes, une main-d’oeuvre bon marché et des matériaux de base peu coûteux attirent de plus en plus les industriels étrangers et les incitent à se lancer dans de lourds investissements. Toyota, par exemple, le plus gros vendeur d’autos en Afrique du Sud – grâce notamment aux véhicules utilitaires légers (LUV), dont les Sud-Africains sont friands -, compte doubler sa production d’ici à 2007 pour arriver à 200 000 unités par an. L’investissement du constructeur japonais s’élèvera à 3,5 milliards de rands (420 millions d’euros). Ford, pour sa part, devrait consacrer 1 milliard de rands (117 millions d’euros) à partir de la fin de l’année au lancement d’un nouveau modèle. En tout, ce sont 7 milliards de rands (830 millions d’euros) que les constructeurs allemands ont injecté dans leurs filiales sud-africaines ces cinq dernières années. Le gouvernement sud-africain, de son côté, a mis en oeuvre un programme de développement à l’horizon 2012, qui prévoit une réduction progressive des droits de douane sur les véhicules et les pièces détachées.
Nouvel eldorado des constructeurs occidentaux, l’Afrique du Sud se place déjà en deuxième position des pays producteurs « émergents », derrière le Brésil. Fidèle à la tradition britannique, elle pourrait bien devenir le spécialiste mondial de la production de véhicules à conduite à droite. Certains fabricants ont ainsi concentré en Afrique du Sud le montage de quelques modèles, à l’image de la Golf IV de Volkswagen ou de la Classe C de Mercedes, dont les versions « à l’envers » sont exclusivement montées dans les usines sud-africaines pour être exportées vers les gros marchés du Royaume-Uni, de l’Australie et du Japon.
Les constructeurs peuvent également s’appuyer sur un réseau très dense d’équipementiers et de fabricants de pièces détachées, dont la formation remonte aux années durant lesquelles le pays était isolé. À eux seuls, les fabricants de composants emploient plus que les constructeurs (environ 38 000 salariés). Ils se sont rendus célèbres, en Europe notamment, pour leur production de pots catalytiques, de sièges en cuir ou encore de jantes en alliage. En 2002, les exportations de pièces représentaient 22,88 milliards de rands (2,67 milliards d’euros) contre 12,6 milliards de rands (1,47 milliard d’euros) en 2000. Un marché en pleine expansion, notamment depuis l’adoption par le Congrès américain de l’Agoa (la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique), qui favorise les exportations hors taxe vers les États-Unis.
Malgré cette progression, l’Afrique du Sud ne se place qu’au 18e rang des producteurs mondiaux. Avec 7 millions de véhicules en circulation, son marché intérieur reste encore faible. En 2002, il est vrai, on comptait 450 voitures pour 1 000 habitants dans la population blanche, contre seulement 27 pour 1 000 chez les Noirs.

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