Industries extractives : la pratique du torchage reste importante en Afrique

D’après les données de la Banque mondiale, le torchage, qui consiste à brûler le gaz dégagé par l’exploitation pétrolière, a diminué de 5 % en 2017, après six ans de hausse continue. Mais l’Afrique reste encore en marge de cette évolution : la pratique a même augmenté en Libye et au Nigeria.

Vue d’une raffinerie de pétrole. © Dirk Ingo Franke/CC/Flickr

Vue d’une raffinerie de pétrole. © Dirk Ingo Franke/CC/Flickr

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Publié le 19 juillet 2018 Lecture : 3 minutes.

De nouvelles données satellitaires rendues publiques par la Banque mondiale le 17 juillet révèlent une forte baisse du torchage de gaz sur les sites de production pétrolière au niveau mondial en 2017, malgré une hausse de la production de 0,5 %. « La baisse d’environ 5 % commence à infléchir six années de hausse du torchage de gaz au niveau global, de 2010 à 2016 » indique l’institution internationale.

Entre 2016 et 2017, le volume de gaz torché est ainsi passé de quasiment 148 milliards de mètres cubes à 141 milliards de mètres cubes. Cette diminution est largement imputable à la Russie, au premier rang pour le torchage de gaz, qui a réduit ses combustions de 22,4 milliards de mètres cubes en 2016 à 19,9 milliards de mètres cubes en 2017. Si le Venezuela et le Mexique ont significativement réduit le torchage en 2017, les volumes brûlés ont augmenté en Iran et en Libye, et dans une moindre mesure au Nigeria.

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15 % du gaz associé à l’extraction pétrolière est brûlé

L’extraction pétrolière génère, à côté du pétrole, du gaz associé, dont environ 15 % est torché. « Les installations de production pétrolière sont souvent éloignées des marchés potentiels pour le gaz, et les possibilités locales pour son utilisation – réinjection ou production d’électricité pour une utilisation sur place – peuvent être limitées. Pour acheminer ce gaz vers un marché, il faut un niveau d’investissement dans les infrastructures qui rend parfois l’utilisation du gaz non rentable. Dans d’autres cas, les conditions du marché peuvent être défavorables […]. » détaille la Banque mondiale.

Le gaz torché à l’échelle mondiale permettrait produire 750 milliards de kWh d’électricité, de quoi alimenter tout le continent africain

Représentant 4 % de la production gazière mondiale, le gaz torché est pourtant très proche du gaz naturel : il nécessite seulement un traitement pour éliminer des contaminants. D’après l’organisation internationale, « la quantité de gaz torché à l’échelle mondiale serait suffisante à produire 750 milliards de kWh d’électricité, soit de quoi alimenter tout le continent africain. »

Le torchage est en outre responsable du rejet dans l’atmosphère de plus de 350 millions de tonnes de CO2 chaque année.

L’Algérie, le Nigeria et la Libye en tête des brûleurs

L’Afrique représente un peu moins d’un quart des volumes de gaz torchés, avec 32 milliards de mètres cubes en 2017, soit une très légère hausse de 0,25 %. Au premier rang des pays africains qui torchent le plus de gaz associé en 2017 figurent l’Algérie avec 8,8 milliards de mètres cubes, le Nigeria avec 7,6 milliards de mètres cubes et la Libye avec 3,9 milliards de mètres cubes.

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Si les volumes torchés ont légèrement baissé en Algérie (- 3,3 %), et faiblement augmenté au Nigeria (+ 4,5 %), ils ont explosé en Libye, avec une progression de plus de 66 %. Mais la production pétrolière y a également presque doublé, passant de 426 000 barils par jours en 2016 à 865 000 en 2017.

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Les statistiques dévoilées par la Banque mondiale sont obtenues à partir d’images satellitaires, sur lesquelles est détectée la lumière produite par le torchage. À partir de ces relevés, les chercheurs arrivent à estimer le volume de gaz  parti en fumée.

En 2015, l’institution a lancé l’initiative « Zero Routine Flaring by 2030 » dans le but « de bannir cette pratique lors de l’exploitation de nouveaux champs pétroliers et de trouver au plus vite, et au plus tard en 2030, des solutions pour les sites déjà exploités ». Cette initiative réunit désormais 27 pays (dont le Cameroun, la République du Congo, le Gabon et le Nigeria), 35 compagnies pétrolières (y compris BP, Eni,Shell et Total) et 15 institutions de développement.

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