Le « trip » ghanéen des Noirs américains

Publié le 3 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Avec 10 000 entrées par an, les Afro-Américains forment la plus importante colonie de touristes au Ghana. Plus d’un millier d’entre eux ont choisi de s’installer dans ce pays d’Afrique de l’Ouest de 20 millions d’habitants. Ancienne colonie britannique, le Ghana est le pays d’Afrique le plus visité par les Noirs américains, devant l’Afrique du Sud et le Kenya.
Outre qu’on y parle anglais, la plage, les cocotiers, le soleil toute l’année et le coût de la vie peu élevé jouent aussi. « La culture ghanéenne, qui a su préserver ses traditions, nous attire surtout pour son authenticité », commente Victoria Cooper, consultante installée en Afrique depuis plus de vingt ans, présidente de l’Association des Afro-Américains du Ghana.

Avec ses anciens forts parsemés le long de la côte, le Ghana offre surtout un retour aux sources chargé d’émotion aux descendants des esclaves noirs. Construits entre les XVe et XVIIIe siècles, ces édifices témoignent de l’ampleur prise par le commerce du « bois d’ébène ». Trois de ces châteaux, Saint Jago, Cape Coast et Elmina, ont été inscrits par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité.
Les autorités ont tout fait pour favoriser un engouement qui n’est pas récent. William Edward Burghardt (« WEB ») Du Bois, l’un des plus grands penseurs noirs des États-Unis, a choisi de s’installer en 1962 au Ghana, où il est mort et enterré. Lancé en 1994 par le révérend américain Leon Sullivan, un défenseur de l’avancement des Noirs, un sommet « africain/afro-américain », organisé chaque année au Ghana, a ranimé la flamme.
Lors d’une visite officielle aux États-Unis, en 1999, le président ghanéen Jerry Rawlings est allé jusqu’à promettre la double nationalité aux immigrants américains. L’annonce, qui ne s’est pas concrétisée, a néanmoins attiré une nouvelle vague de candidats au départ. John Kufuor, le successeur de Jerry Rawlings, a évoqué en 2001 une loi permettant à tout membre de la diaspora noire de résider et de travailler « sans restriction » au Ghana. Ce geste a été fêté outre-Atlantique par les défenseurs d’un « droit au retour » en Afrique. Même si, dans les faits, rien n’a changé : les Américains doivent obtenir des visas et des permis de séjour pour s’installer.

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Parmi eux figurent des universitaires, des retraités, des infirmières, quelques rastas et des hommes d’affaires. Regimanuel Gray, l’un d’entre eux, a particulièrement bien réussi dans l’immobilier. Créée en 1991, la société qui porte son nom emploie 220 personnes à la construction de lotissements à Accra et Tema. La clientèle est en partie américaine, mais surtout ghanéenne. Car le Ghana ne fait pas rêver seulement à Detroit ou Chicago. Sur les 3 millions de Ghanéens installés
aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Italie,
beaucoup reviennent au pays natal pour passer les vacances et investir
dans la pierre.

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