Les reines des mers

Pour célébrer la fondatrice de Carthage, la « route d’Elissa » reliera Beyrouth à Hammamet en septembre.

Publié le 1 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Les poètes n’ont cessé de raconter l’histoire d’Elissa, princesse de Tyr, vivant au IXe siècle avant J.-C. et devenue reine Didon après avoir fui son pays à la voile à la suite du meurtre de son mari. Elle avait finalement accosté au nord de l’Afrique pour y fonder Carthage. Pour faire revivre cette légende millénaire, Najib Gouiaa, directeur de Time TV, une société de production audiovisuelle basée à Paris, a eu l’idée d’organiser une régate féminine entre le Liban et la Tunisie. Surfant sur le succès sportif et médiatique de la « route du rhum », l’organisateur de la « route d’Elissa » a déjà réuni l’assentiment des plus grandes skippeuses mondiales, celui de l’Union nationale de la Course au large (UNCL) et le soutien de l’ONU, qui considère que cette régate s’inscrit dans le cadre de sa résolution sur « le sport en tant que moyen de promouvoir l’éducation, la santé, le développement et la paix ». Le départ de Beyrouth est prévu le 5 septembre prochain, et les équipages devront rejoindre Hammamet le plus rapidement possible. En dix ou douze jours, selon les vents. Une course doublement originale : jamais régate n’avait été organisée en Méditerranée orientale, et aucune compétition internationale n’était réservée aux femmes.
« Au début, pour raconter la légende d’Elissa, j’avais le projet de réaliser une fiction audiovisuelle, explique le quadragénaire né à Radès et travaillant à Paris. La légende d’Elissa habite la Tunisie, et je trouve qu’il y a quelque chose de cette reine chez toutes les Tunisiennes. Une sorte de modernité farouche. » Comme il s’intéressait de plus en plus à la mer et à ses mystères, Najib Gouiaa a envisagé, il y a deux ans environ, une course à la voile. « La mer et ses implications socioculturelles sont un créneau abandonné des télévisions, notamment du Sud. Culturellement, on lui tourne le dos. » D’où l’idée de la rendre à nouveau populaire grâce au sport qui la consacre le mieux : la régate.
Le projet est de taille : un budget prévisionnel de 1,8 million d’euros et une logistique lourde, encadrée par l’UNCL qui a élaboré le règlement. Mais le projet plaît, et Gouiaa a déjà reçu le soutien de nombre de grandes skippeuses, dont Catherine Chabeau, la première femme à avoir bouclé une course en solitaire autour du monde. Pour l’heure, six bateaux sont loués et ont trouvé un équipage. Si la présence de « stars » internationales de la voile est essentielle à la médiatisation de la course, il s’agit surtout de mettre en valeur des navigatrices méditerranéennes. « On espère lancer la première skippeuse tunisienne, et on a déjà l’accord d’une Libanaise », affirme Gouiaa. Plus que tout, il souhaite que ce rendez-vous ne se limite pas au sport. « La légende d’Elissa est racontée à chaque fois de manière politique, philosophique et romantique. Je voudrais profiter de l’événementiel culturel pour faire ressortir ces aspects-là, grâce à un village phénicien qui sera recréé à Tunis. » Avec des partenariats médiatiques de taille (LCI, Canal+ Sports, RFI, le quotidien sportif L’Équipe ont déjà répondu positivement) et des sponsors en cours de démarchage, le projet a dépassé le stade des balbutiements. Espérons qu’aucun vent contraire ne vienne lui barrer la route.

Contact : La route d’Elissa, tél. : (+33) 1 46 21 88 50. laroutedelissa@wanadoo.fr

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