Le paradoxe africain

Publié le 2 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

La conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) a rendu
public, le 26 février, un rapport intitulé « Le développement économique en Afrique : résultats commerciaux et dépendance des produits de base ». Les auteurs de cette étude soulignent ce qu’ils nomment « le paradoxe africain ». Alors que l’Afrique est restée, ces vingt dernières années, tributaire des exportations de produits primaires, elle a perdu du terrain dans les ventes à l’étranger de ces mêmes produits. Sa part est ainsi
passée de 6 % en 1980 à 4 % en 2000. Pendant cette période, le taux de croissance annuelle moyen des exportations de produits de base a été de 0,6 % pour l’Afrique, contre 3,3 % en moyenne pour l’ensemble des pays en développement et 5 % pour l’Asie. Par ailleurs, la part du continent africain dans les exportations totales de marchandises a reculé de 6,3 % à 2,5 %. Dépendant de ces produits à faible valeur ajoutée, le continent est confronté à une dégradation permanente des termes de l’échange. L’indice combiné des prix de tous les produits de base de la Cnuced a chuté de plus de 50 % entre 1997 et 2001.
Les produits qui ont accusé la baisse la plus forte en prix réels sont les produits
tropicaux pour la préparation de boissons et les graines oléagineuses et les huiles végétales. Un seul des principaux produits exportés par l’Afrique figure parmi les vingt produits les plus dynamiques du monde. Il s’agit des sous-vêtements, qui représentent
moins de 2 % des ventes africaines à l’étranger et sont exportés presque exclusivement
par Maurice et le Swaziland. Pris au piège de la pauvreté, privés des fonds nécessaires pour se réorienter vers la fabrication et l’exportation de produits porteurs, les pays subsahariens sont confrontés à ce que le président français Jacques Chirac appelle « la
conspiration du silence ».

Selon l’Organisation internationale du café (OIC), les pays producteurs de café ne perçoivent actuellement que 5,5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) sur les
70 milliards que représentent les ventes au détail alors que, dans les années 1990, leurs recettes étaient comprises entre 10 milliards et 12 milliards de dollars sur des ventes
au détail estimées à 30 milliards. Les économistes de la Cnuced dénoncent également la contradiction occidentale des subventions internes aux agriculteurs. En effet, ces aides publiques en 2002 sont à l’origine d’un manque à gagner évalué à près de 300 millions de dollars pour l’industrie cotonnière africaine. Soit plus que les 230 millions de dollars
d’allègement total de la dette de neuf pays africains exportateurs de coton. La Cnuced recommande aux pays africains de développer le commerce régional via le Nepad, et aux pays
développés de se préoccuper de cet état de fait avant que la misère africaine ne se répercute sur certaines de leurs filières sous forme d’instabilité chronique des prix.

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