Le courant passe mieux

Presque révolue l’époque des soirées à la bougie ou dans le noir. Progressivement, la population des îles retrouve la lumière.

Publié le 1 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

« Gérer l’électricité aux Comores ? Peu d’argent à gagner, mais beaucoup d’investissements à réaliser. Franchement, ce n’est pas un cadeau. » Le capitaine Mahamoud Fakridine, ancien aide de camp du président Azali, sait de quoi il parle : depuis un peu plus d’un an, il est devenu directeur général de la Ma Mwe, le service public de l’eau et de l’électricité. Un poste très exposé. Le pays est coutumier des coupures et des délestages. En 1996-1997, les Comores sont restées sans courant pendant une année complète, la société publique de l’énergie, en quasi-faillite, se révélant incapable de réparer les groupes de la centrale de Voidjou. L’arrivée de Vivendi (aujourd’hui Veolia Environnement) comme concessionnaire, à la fin des années 1990, a suscité beaucoup d’espoirs, immédiatement déçus. Pour les Comoriens, le groupe industriel a bien empoché les subventions de l’Agence française de développement (AFD), mais n’a jamais réalisé les investissements qu’il s’était engagé à faire.
Et le service rendu aux usagers s’est tellement dégradé qu’en 2001 l’État a fini par résilier le contrat et reprendre en gestion directe la Comorienne de l’eau et de l’électricité (CEE), rebaptisée Ma Mwe. Depuis, même si la fourniture d’énergie reste aléatoire, notamment à la saison des pluies, la situation s’est sensiblement améliorée. Un lot de groupes électrogènes d’occasion, acheté pour 3 millions d’euros, a été récemment installé à Voidjou, et la centrale dispose maintenant des moyens de satisfaire les besoins en énergie de Grande Comore et de Mohéli (Anjouan dispose de sa propre société de production d’électricité, EDA). Le réseau reste cependant dans un état lamentable, ce qui explique les difficultés et les délestages « préventifs » qui sont observés les jours d’orage ou de cyclone. « D’après les estimations des ingénieurs égyptiens à qui nous avons confié la réalisation de l’étude, la remise en état du réseau de transport de l’électricité coûtera aux alentours de 13 millions d’euros, affirme le capitaine Fakridine. Elle n’interviendra qu’une fois que nous aurons réglé la question de la commercialisation. Il y a encore trop de fraude, de branchements illégaux, et en outre, le taux de recouvrement des factures est largement insuffisant. »
Pour repartir sur des bases plus saines, la Ma Mwe organise actuellement une campagne de communication dont le but est d’expliquer aux usagers que pour arriver à un niveau de qualité dans la fourniture de l’énergie, il faut en payer le prix.
« À notre grande surprise, le message passe mieux que prévu, et nous allons installer des compteurs de courant prépayés d’ici à la fin du semestre », précise le capitaine Fakridine. Ce n’est qu’une fois la Ma Mwe redressée que sa privatisation pourra être envisagée. Pour le président Azali, si ce principe reste acquis, l’État doit pouvoir faire une plus-value dans l’opération. « Nous n’allons pas répéter l’erreur commise avec Vivendi, en vendant à perte et sans possibilité de négocier les conditions de la reprise… »

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