Cameroun : arrestation de 4 soldats impliqués dans des exactions, selon des sources sécuritaires
Quatre soldats camerounais ont été arrêtés après la diffusion d’une vidéo devenue virale montrant de présumés membres de l’armée exécutant sommairement deux femmes et leurs deux enfants, accusés d’être des jihadistes de Boko Haram.
« À ce jour, quatre militaires ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur la vidéo qui a été diffusée sur les réseaux sociaux », a déclaré l’une de ces sources à Maroua dans la région de l’Extrême-Nord où les faits se seraient déroulés.
L’information a été confirmée par une autre source proche de l’armée, à Yaoundé. « Dans un premier temps, trois militaires ont été arrêtés alors qu’ils étaient encore déployés dans l’Extrême-Nord » dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, a expliqué cette deuxième source.
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Selon elle, ces militaires seraient directement impliqués dans les faits exposés par la vidéo en cause. « Ils sont issus de l’Armée de l’air et étaient déployés à Mabass », village du département du Mayo-Tsanaga, dans l’Extrême-Nord proche du Nigeria, pays d’origine de Boko Haram, a-t-elle rapporté.
Leur audition a permis de mettre la main sur un quatrième militaire qui n’était pas présent au moment des faits, mais aurait joué un rôle dans les assassinats, a-t-elle encore ajouté sans donner plus de détail.
Selon cette source à Yaoundé, les enquêteurs veulent comprendre si l’exécution des deux femmes et de leurs deux enfants est un fait isolé ou si d’autres actes similaires ont pu avoir lieu au sein de l’armée.
« Preuves crédibles »
« Au sein de l’armée, ici dans la région, il n’y a pas de doute sur l’authenticité de la vidéo. Certains militaires ont clairement fait part à leurs collègues impliqués de leur désapprobation, indiquant qu’ils étaient des professionnels », a relaté la source proche de l’armée à Maroua. L’armée camerounaise est engagée dans la région de l’Extrême-Nord pour contrer les incursions fréquentes de combattants du groupe jihadiste nigérian.
Le 11 juillet, lendemain de la diffusion de cette vidéo très violente, le gouvernement camerounais avait déclaré avoir ouvert une enquête, tout en qualifiant la vidéo de « fake-news » et d’ »horrible trucage ».
Amnesty International avait quant à elle affirmé avoir des « preuves crédibles » que les hommes armés exécutant les civils dans cette vidéo virale sur Internet étaient des militaires camerounais. Les uniformes que portent les hommes dans la vidéo sont « communément portés par des personnels de l’armée » camerounaise, avance notamment l’ONG.
Certaines personnes sont clairement identifiables » dans la vidéo, selon Amnesty
« Certaines personnes sont clairement identifiables » dans la vidéo, écrit dans un communiqué Samira Daoud, directrice du bureau Afrique de l’Ouest d’Amnesty, appelant à une « enquête impartiale » pour que les militaires présumés responsables ne se « tirent pas impunis d’un acte aussi odieux ».
Mercredi, le Royaume-Uni s’est dit « profondément préoccupé » par cette vidéo, demandant au président camerounais Paul Biya, 85 ans, dont 35 au pouvoir, une « enquête urgente ». La veille, les États-Unis avaient également demandé une enquête « totale et transparente » sur l’exécution de ces deux femmes et de leurs deux enfants.
L’armée camerounaise est régulièrement accusée par des ONG de perpétrer des exactions contre des personnes soupçonnées d’appartenir au groupe Boko Haram, ce qu’elle a toujours démenti. Contacté par Jeune Afrique, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a contesté la réalité de ces arrestations et assuré que le gouvernement communiquerait prochainement sur l’avancée de l’enquête.
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