François Lonsény Fall

Premier ministre guinéen

Publié le 3 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

« Dans ma prise de décisions, il serait utile pour moi de m’assurer de la disponibilité de votre ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, M. François Lonsény Fall, dont les hautes qualités diplomatiques sont reconnues et dont je garde personnellement une bonne opinion. » Ce propos est de Kofi Annan, dans une lettre datée du 9 janvier 2004 adressée à Lansana Conté. Comme pour montrer au secrétaire général des Nations unies qu’il avait davantage besoin de Fall, le chef de l’État guinéen a fait de lui son Premier ministre, le 23 février.

Discret, ouvert d’esprit, François Lonsény Fall est réputé compétent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Guinée. À 55 ans, dont vingt-cinq passés dans la diplomatie, il a un carnet d’adresses étoffé. Les chefs d’État d’Afrique de l’Ouest l’apprécient. Kofi Annan lui voue de la sympathie. Colin Powell, le secrétaire d’État américain, le tutoie. Dominique de Villepin, le chef de la diplomatie française, fait partie de ses familiers.
Conciliant, Fall sait aussi être obstiné. Ainsi, en 2001, il active ses contacts, use de son entregent, insiste jusqu’à obtenir une condamnation onusienne contre le Liberia, impliqué dans des incursions rebelles sur le territoire guinéen en 2000.

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En mars 2003, alors que le monde entier est braqué sur l’ONU ainsi que sur les préparatifs de la guerre américaine contre l’Irak, la Guinée préside le Conseil de sécurité. Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération de son pays, Fall dirige les débats avec juste mesure, clame l’hostilité de son pays à la guerre, mais réussit, la courtoisie aidant, à sauvegarder ses amitiés américaines. On ne pouvait attendre moins de quelqu’un qui a « rampé » : chef de division Asie/Moyen-Orient en 1980, conseiller d’ambassade en France en 1989 puis à New York en 1990, membre de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental en 1993, directeur des affaires juridiques et consulaires de la diplomatie guinéenne en 1996, représentant permanent auprès des Nations unies en 2000, ministre des Affaires étrangères en 2002.

Diplomate de carrière, Fall l’est aussi de vocation. « Je rêvais de le devenir déjà au lycée. À l’époque, j’avais comme modèles Abdelaziz Bouteflika et Diallo Telli », confie-t-il. Ce petit-fils d’émigrants sénégalais arrivés en 1900 sur les berges du fleuve Milo s’impose la réserve inhérente à son métier et ne milite dans aucun parti politique. Mais, loin d’être naïf, il connaît ses compatriotes pour être né à Dabola, au centre de la Guinée, au confluent entre les pays soussou, peul et malinké, et pour avoir fait toutes ses études dans son pays, avant de se spécialiser en relations internationales à l’Institut de Florence, en Italie.
Marié et père de quatre enfants, cet homme au commerce agréable, « cultivé par le voyage et les livres », affronte, à la tête du gouvernement guinéen, le pari le plus exaltant, mais aussi le plus risqué de sa carrière.

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