Dignes gagne-pain

Un album met à l’honneur les petits métiers, trop souvent décriés. Rencontre avec ceux qui vivent du « secteur informel ».

Publié le 1 mars 2004 Lecture : 2 minutes.

Voilà un livre qui met du baume au coeur. Le sujet, a priori, n’a rien de romantique. Les petits métiers évoquent la misère, la saleté, le dénuement. Les esprits les plus mal tournés vont jusqu’à penser que la lie de la société se retrouve ainsi occupée à des activités plutôt avilissantes. Mais cet album sur Niamey et son secteur informel dévoile une tout autre réalité. On y voit des hommes et des femmes appliqués à leur labeur avec le souci de gagner honnêtement leur vie. Et qui se battent pour améliorer leur condition. Même quand ils gagnent juste de quoi se nourrir, tous gardent une étonnante dignité.
Amadou, Zarma de 36 ans, vend des volailles sur le marché de la capitale. Il s’approvisionne en poulets et en pintades dans son village natal. Chaque voyage lui rapporte 15 000 F CFA (22 euros) – si les animaux arrivent vivants à destination. Amadou s’en sort et parvient à nourrir son épouse et ses quatre enfants. Ce qui ne l’empêche pas de rêver à une autre activité.
Harouna, 40 ans, est may wassa youka (« aiguiseur de couteaux », en haoussa, la langue la plus parlée au Niger). Sa meule sur la tête, il parcourt jusqu’à 50 km par jour, frappant aux portes des concessions pour affûter couteaux, machettes, haches ou encore l’un de ces sabres qui font la fierté des Touaregs. Jamais de repos, pas d’économies possibles, il n’a qu’un souhait : se reconvertir.
Abdourahamane, originaire de Gao, au Mali, est pêcheur. Comme son père, son grand-père et tous ses ancêtres. Il n’a jamais songé à changer de métier. Parce que l’océan est à plus de 1 000 km et que le fameux capitaine du Niger est très prisé des habitants de la capitale. Sa seule crainte : les hippopotames qui colonisent le fleuve…
Défilent ainsi une quarantaine de personnes aux activités les plus diverses : constructeur de cases, fabricant de chaises, fondeur de marmites, « plastificateur » de documents, blanchisseur, tresseuse de nattes, barbier, coupeur d’ongles… Sans oublier les vendeurs de produits alimentaires divers (y compris le criquet sauté à l’huile), mais aussi de cigarettes, de médicaments ou d’huile de moteur.
Les promoteurs de cet ouvrage, une association de l’ouest de la France, ont su concilier les aspects esthétique et documentaire pour dresser un panorama de l’économie informelle d’une capitale soudano- sahélienne. Encore faut-il préciser que le produit de la vente est destiné à une ONG locale, Tilalt-Niger, pour l’achat de livres et de matériel de bibliothèque.

Niamey. Le monde des petits métiers, de Nolwenn Barbier-Alassane et Mohamed Alassane, photos de Florent Lemaçon, éd. Un livre… des livres, 96 pp., 18 euros. Pour en savoir plus, écrire à : unlivre…@wanadoo.fr

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