Vingt ans après

Publié le 31 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Brazzaville, 1er août 1986. Tout le long des huit kilomètres qui séparent l’aéroport de Maya-Maya de la présidence, une foule compacte accueille le nouveau président en exercice de l’OUA. Brazzaville, 25 janvier 2006, mêmes lieux, même liesse, même héros. Vingt ans après, Denis Sassou Nguesso accède au sommet d’une OUA devenue UA. Seule différence : celui qui revenait d’Addis-Abeba en triomphateur romain arrive cette fois-ci de Khartoum, mais la nuance importe peu. Entretemps, et sans rien perdre de cette élégance sur laquelle s’extasiait en public Kenneth Kaunda (« Vous avez de belles épaules ! »), DSN a pris quelques cheveux blancs, mais il a surtout acquis ce qui vous patine un homme, lui donne expérience et sagesse : une Conférence nationale du genre Règlements de comptes à OK Corral, une défaite assumée dans les urnes, une traversée du désert entre Paris et Oyo, une guerre civile, un retour au pouvoir controversé, une élection démocratique et désormais un certain apaisement, une sérénité et une hauteur qui siéent à cet homme de 63 ans – dont 21 passés à la tête du Congo.
De juillet 1986 à juillet 1987, le mandat de celui qui succéda en tant que président de l’OUA à un certain Abdou Diouf fut honorable. Si le « Programme de redressement économique de l’Afrique » pour lequel Sassou se battit (120 milliards de dollars d’investissements, dont les deux tiers étaient censés provenir des États africains eux-mêmes !) demeura une utopie, on lui doit d’avoir beaucoup uvré pour la réduction des tensions en Afrique australe – notamment en Angola – et contre le régime de l’apartheid. Cette fois, c’est au cur des crises ivoirienne et tchado-soudanaise et au talent avec lequel il plaidera la cause de ce dernier wagon du train de la mondialisation qu’est le continent africain qu’on jugera le maçon. Denis Sassou Nguesso a pour cela une qualité, que ne laisse guère entrevoir la raideur calculée de son maintien et l’intensité étudiée de son regard : au fond de lui, l’enfant d’Edou est resté modeste. « Les bas-fonds de l’Histoire sont remplis de gens qui se croyaient être des surhommes », confia-t-il un jour à l’auteur de ces lignes. C’était en juillet 1986, à la veille d’entamer son mandat à la tête de l’OUA. Une phrase qu’il pourrait sans doute répéter aujourd’hui, au vu de la tâche qui l’attend.

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