Nigeria, la comédie du loyalisme

L’article que nous avons sélectionné pour vous cette semaine a été publié dans le n° 266.

Publié le 1 février 2006 Lecture : 1 minute.

Le Nigeria était considéré jusqu’ici comme le meilleur exemple de démocratie en Afrique. Ce pays passe à son tour sous la coupe d’un régime militaire. Dès les premières heures du samedi 15 janvier, le plan qui devait assurer le succès du coup d’État commença à se déployer avec une rapidité fulgurante. Ses cinq auteurs principaux sont de jeunes officiers de formation universitaire ; ils ont tous le grade de major et aucun d’eux n’a plus de 40 ans.
Leur intention était d’agir vite et de frapper de la façon la plus spectaculaire. À Kaduna (région nord) et à Ibadan (région ouest), ils ont dirigé avec vigueur et précision des raids contre les résidences des premiers ministres de ces deux régions, tous deux tués au cours de l’action. []
En dépit de l’aspect dramatique de ces événements, nombreux étaient les Nigérians qui ne dissimulaient pas leur satisfaction. Il était de bon ton de s’étonner de l’indifférence de l’armée devant l’aggravation de la situation du pays, laquelle ne cessait de se détériorer sans que les pouvoirs civils y portassent remède. Dans la rue, les passants interpellaient les jeunes officiers et leur lançaient cette injonction surprenante : « Take over » (« prenez le pouvoir »).
Au Nigeria, comme à l’extérieur, on tenait une intervention militaire pour une hypothèse invraisemblable. On croyait que le tribalisme nigérian conservait une force suffisante pour détourner l’armée de la tentation de s’emparer du pouvoir. On ne voyait pas de relève possible sans la réalisation préalable d’un front uni de toutes les tendances les plus actives du pays. Cependant, le fossé qui séparait le peuple des politiciens s’était approfondi. Le coût de la vie augmentait de jour en jour, mais non le pouvoir d’achat des masses. À leur sortie des écoles, les jeunes se débattaient entre le chômage et le sous-emploi. En juin 1964, les travailleurs organisèrent un vaste mouvement de protestation contre la mauvaise gestion des affaires publiques et contre les nombreux abus imputables aux dirigeants.

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