Niger : trois mois de prison avec sursis pour les activistes anti-loi de finances
La justice nigérienne a condamné mardi à trois mois de prison avec sursis quatre figures majeures de la société civile détenues depuis mars, avec une vingtaine d’autres personnes, suite à une manifestation contre la loi de finances 2018.
![Une manifestation à Niamey, eu Niger, en 2015 (photo d’illustration). © AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2018/07/11/sipa_ap21680170_000002.jpg)
Une manifestation à Niamey, eu Niger, en 2015 (photo d’illustration). © AP/SIPA
« Les principaux acteurs de la société civile, Ali Idrissa, Moussa Tchangari, Nouhou Arzika et Me Abourahamane Lirwana, sont condamnés à trois mois de prison assortis de sursis », a déclaré à la presse un de leurs avocats, Me Boudal Effred Mouloul. Le ministère public avait requis trois ans de prison ferme contre eux.
Après avoir déjà passé trois mois en prison, « ils vont tous sortir libres aujourd’hui et regagneront leur famille », a assuré Me Effred Mouloul.
Cependant, selon une source judiciaire, Me Abourahamane Lirwana devra rester en prison : il a été condamné lundi à deux ans de prison dont un avec sursis pour « outrage à magistrat » lors du procès. L’avocat a regretté que d’autres prévenus jugés avec les activistes aient été « condamnés à un an dont six mois assortis de sursis ». Deux autres sont relaxés « pour insuffisance de preuves », ont affirmé leurs proches.
La fronde s’est estompée
Au total 24 personnes ont comparu le 11 juillet pour « organisation et participation à une marche interdite » et « complicité de dégradations de biens publics et privés ».
Toutes avaient été arrêtées le 25 mars après des heurts à Niamey entre les forces de l’ordre et des manifestants, qui voulaient braver l’interdiction par les autorités d’une manifestation contre la loi de finances 2018 qu’ils jugent « antisociale ».
Pour Amnesty international, les autorités nigériennes doivent « mettre fin à la répression » et « libérer immédiatement les autres défenseurs des droits humains emprisonnés depuis près de quatre mois ».
Kine Fatim Diop, chargée de campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International: "les autorités nigériennes ont l’occasion de montrer au monde qu’elles sont effectivement attachées à la défense des droits humains."https://t.co/chqa5WvwLZ
— Amnesty International Côte d'Ivoire (@Amnesty_CI) July 23, 2018
Entre octobre 2017 et mars 2018, un collectif de la société civile, l’opposition politique et quelques syndicats ont régulièrement organisé des manifestations pour demander « l’abrogation » de la loi de finances. Les protestataires reprochent au gouvernement d’avoir créé de nouvelles taxes et de nouveaux impôts et surtout d’avoir « accordé des cadeaux fiscaux d’une vingtaine de milliards de francs CFA » (une trentaine de millions d’euros) aux compagnies de téléphonie.
En avril, le président nigérien Mahamadou Issoufou avait estimé que la loi de finances « répondait aux aspirations du peuple nigérien » et que sa contestation par « une minorité », devait « s’exercer dans le cadre des lois en vigueur ». La fronde contre le budget s’est estompée dans le pays depuis l’arrestation de ses principaux meneurs.
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