Mauritanie : une ancienne esclave au Parlement ?

Réunis en coalition, le mouvement abolitionniste IRA et le parti panarabe Sawap présentent comme candidates aux législatives de septembre une esclave libérée et la veuve d’un militaire négro-africain assassiné.

L’œil de Glez © Glez / JA

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Publié le 24 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

Si les professionnels africains de la politique voient d’un mauvais œil les candidatures d’activistes à « leurs » rendez-vous électoraux, les organisations de la société civile ont compris, depuis longtemps, la portée communicationnelle d’une campagne politique. Les routes qui mènent aux scrutins sont de formidables caisses de résonance pour débattre de certains tabous. En Mauritanie, deux sujets demeurent habituellement sous le boisseau.

Le premier est celui de l’esclavage officiellement aboli en 1981, criminalisé depuis 2007. Il y a juste un an, la juriste Marie Foray et la journaliste indépendante Tiphaine Gosse affirmaient avoir été expulsées de la République islamique en raison de leurs recherches sur cette question. Le directeur général de la sûreté nationale indiquera qu’« il n’y a pas d’esclavage en Mauritanie ».

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Le second tabou, censément lié au premier, est celui des discriminations subies par la population noire de Mauritanie, dénoncées comme des actes de ségrégation par des formations politiques comme le parti Arc-en-ciel.

Deux candidats atypiques

Les prochaines élections régionales, municipales et législatives du 1er septembre 2018, le mouvement anti-esclavagiste IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) entend s’en saisir pour projeter une lumière crue sur ces sujets sensibles.

Pour avoir accès à un maximum de visibilité, il convient de présenter des candidatures. C’est ainsi que le leader du mouvement anti-esclavagiste, Biram Ould Dah Ould Abeid, avait été candidat, en 2014, à une présidentielle boycottée par la quasi-totalité des partis de l’opposition. Mais pour obtenir 8,67 % des suffrages – un score remarqué qui l’avait placé en seconde position après Mohamed Ould Abdel Aziz–, le présidentiable poil à gratter avait dû concourir sans étiquette. En effet, l’aile politique de l’IRA, le Rassemblement pour une Action Globale, n’a toujours pas été reconnue officiellement par les autorités.

Pour les élections législatives, l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste mise sur une coalition avec le parti panarabe Sawap, alliance formalisée le 30 mai dernier. C’est ainsi que deux candidats atypiques sont déjà dans les starting-blocks, présentés lors d’une récente conférence de presse commune. La députée potentielle Habi Mint Rabah, aujourd’hui militante anti-esclavage, est une ancienne esclave libérée en 2008, grâce au mouvement IRA, après trente-cinq ans de captivité. Adama Sy, autre candidate de la coalition Sawap-IRA, est la veuve d’un militaire assassiné, parmi d’autres négro-africains, au cours des années 90.

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