Irak : crédibilité financière

Publié le 1 février 2006 Lecture : 2 minutes.

Faute d’avoir une crédibilité politique, le gouvernement irakien dispose désormais d’une crédibilité financière. Les États-Unis ont réussi dans un domaine où ils excellent apparemment mieux que dans la guerre : ils ont imposé à tous leurs partenaires occidentaux de faire les sacrifices nécessaires pour donner à l’Irak une place sur le marché international des capitaux. Et ils ont montré l’exemple. D’abord en introduisant une nouvelle monnaie, le dinar irakien de l’après-Saddam, qui ignore les ravages des attentats et de l’insécurité : son cours demeure stable (1 500 dinars pour 1 dollar), et le volume des transactions quotidiennes est de l’ordre de 50 millions de dollars, contre 30 millions de dollars il y a un an. Quand la monnaie circule et ne se déprécie pas, c’est le signe que l’économie tourne rond. Du moins pour les experts du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et du Club de Paris (créanciers publics occidentaux).

En 2005, l’Irak, considéré comme un pays en postconflit, a bénéficié d’une série de programmes de soutien grâce au feu vert donné par Washington. Le FMI a commencé par lui octroyer une aide d’urgence de 436 millions de dollars (septembre 2004), suivie d’un crédit de 685 millions de dollars (de janvier 2006 à mars 2007). La Banque mondiale lui a fourni un prêt de faveur (à 0 % d’intérêt) de 500 millions de dollars pour l’éducation primaire. Et le Club de Paris a bouclé la boucle en effaçant 80 % de ses créances sur une période de deux ans (2004-2005), soit 30 milliards de dollars, et en reportant à beaucoup plus tard le remboursement du solde (7 milliards). Les Américains ont fait mieux : 100 % d’annulation immédiate (4 milliards).

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Avant-dernière étape, les créanciers privés ont reçu, sous la houlette de la Citibank, une offre d’échange, « à prendre ou à laisser », des titres de l’ère Saddam en bons du Trésor de la nouvelle ère avec, là aussi, un effacement de 80 %. Cette dette commerciale passe ainsi de 13,6 à 2,7 milliards de dollars. Les bons du Trésor, lancés le 23 janvier 2006 sur le marché, sont négociables en Bourse ou de gré à gré : ils portent un coupon annuel de 5,8 % (payable deux fois par an à partir du 15 juillet 2006) et sont remboursables en 2028. Cet assainissement est plus important parce qu’il confère de nouveau à Bagdad une signature, équivalente aujourd’hui à celle de la Serbie ou des Philippines.
Reste le nud gordien, celui des créanciers publics arabes (66 milliards de dollars, dont la moitié est détenue par l’Arabie saoudite et le Koweït). Eux aussi doivent en effacer au moins 80 %. Ils ont fait des promesses à Washington, mais traînent encore les pieds pour signer Avec cette dernière étape, le FMI compte faire passer le stock de la dette irakienne de 114 milliards de dollars en 2004 (443 % du PIB) à 33 milliards en 2010 (45 %).

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