Bernard Debré

Professeur de médecine et homme politique.

Publié le 31 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.

On ne présente plus la famille Debré. Du grand-père Robert, célèbre pédiatre, au père Michel, Premier ministre du général de Gaulle et « concepteur » de la Ve République française, en passant par les deux fils, Jean-Louis, ancien ministre de l’Intérieur et actuel président de l’Assemblée nationale à Paris et Bernard. Et pourtant, en accueillant ce dernier dans nos murs le mardi 24 janvier, on hésite encore : « Comment préférez-vous qu’on vous appelle ? Professeur ou Monsieur le Ministre ? » Réponse de Bernard Debré : « Professeur, parce que les ministres, ça se renouvelle ! »

Il est vrai que l’homme n’est pas facile à cerner. Hyperactif, il cumule charges et fonctions avec grand appétit : professeur de médecine, considéré comme un des meilleurs spécialistes mondiaux de l’urologie, il opère aussi bien à l’hôpital Cochin de Paris (tous les jours) qu’à Shanghai (une fois par mois), ou en Afrique (régulièrement), de Libreville à Nouakchott. Homme politique gaulliste – sa famille dans tous les sens du terme -, il fut ministre de la Coopération entre 1994 et 1995 et il est actuellement député du 16e arrondissement de la capitale française. Il est aussi candidat à la mairie de Paris. Enfin, militant dans l’âme, il anime sa fondation Action pour la santé, qui construit infrastructures et programmes de santé dans le monde.
Bernard Debré a le verbe facile et il aime faire partager ses convictions et ses expériences d’un homme proche du pouvoir. Il intervient à plusieurs reprises au cours de notre conférence de rédaction. Certains voient-ils déjà en Ségolène Royal la première femme présidente de la République française en 2007 ? « Il ne faut pas oublier le vide sidéral actuel au Parti socialiste. Les Français disent apprécier ses propositions économiques mais elle n’en a jamais fait aucune ! » Sur Dominique de Villepin, Premier ministre et candidat à l’Élysée : « Il n’a jamais été élu nulle part. C’est un peu court. » Bernard Debré soutient Nicolas Sarkozy, qu’il a fréquenté au sein du gouvernement Balladur, ce qui ne l’empêche pas de garder sa liberté de pensée et de parole : « Je l’aime bien, mais je dois reconnaître que Nicolas a eu quelques phrases malheureuses. De temps en temps, je suis un peu ému par ses prises de position » Personne n’a oublié que Sarkozy avait promis de nettoyer la banlieue au Kärcher et traité certains de ses habitants de « racaille ».
Autre point de désaccord avec son « ami Nicolas », l’élection à la mairie de Paris. Sarkozy veut une primaire pour désigner le candidat de l’UMP (droite). Debré n’en veut pas. « Je préfère rencontrer les Parisiens. C’est à eux de décider. Pas aux militants. » Mais, même quand on parle de politique, la médecine n’est jamais loin. On lui a reproché son commentaire sur l’hospitalisation de Bouteflika au Val-de-Grâce (« Ce qu’on nous dit sur sa santé ne peut pas être vrai. »). « On m’a fait parler parce que je suis médecin. Mais je n’en savais pas plus que ce que j’ai dit. » Puis, dans un sourire en coin : « De toute façon, je suis astreint au secret professionnel Ce que je maintiens, c’est qu’on ne reste pas vingt-trois jours à l’hôpital pour un simple ulcère à l’estomac. »

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Bernard Debré, c’est aussi une passion de longue date pour l’Afrique. Connu pour avoir suivi la santé de plusieurs chefs d’État africains présents ou passés, il porte sur le continent un regard de connaisseur. À propos de la Côte d’Ivoire, par exemple : « Lorsque j’étais ministre, j’avais prononcé un discours à Abidjan en décembre 1994, dans lequel je disais : Si Laurent Gbagbo vient au pouvoir, vous aurez la guerre. L’ambassadeur de France était très gêné. Mais je savais que j’avais raison. »
Notre échange se termine sur la présence pétrolière française en Afrique. « Quand j’étais au gouvernement, les grandes compagnies pétrolières françaises voulaient quitter certains pays d’Afrique. J’avais été sévère avec elles. Depuis, nous avons perdu beaucoup. Mais il est vrai que l’affaire est complexe. Il y a eu l’affaire Elf et puis la volonté de rompre avec la Françafrique »
C’est un sujet sur lequel reviendra notre journal, qui pourra alors demander à Bernard Debré quelques commentaires.

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