Congo-Brazzaville : l’État peine à mobiliser ses recettes publiques

Le gouvernement congolais vient d’annoncer, par la voix de son ministres des Finances, Calixte Nganongo, des recettes budgétaires inférieures de 27,5 % aux prévisions. Conséquence, un nouveau coup de rabot sur les dépenses publiques, et un excédent budgétaire divisé par deux.

Le ministre congolais des Finances et du Budget, Calixte Nganongo. © Ministère congolais des Finances

Le ministre congolais des Finances et du Budget, Calixte Nganongo. © Ministère congolais des Finances

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 26 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

La République du Congo n’est pas tirée d’affaire. Si l’on croit la communication faite le 20 juillet en conseil des ministres par Calixte Nganongo, ministre des Finances, les recettes budgétaires prévues en 2018 ne seront pas au rendez-vous : la loi de finances initiale les prévoyait à 1 600 milliards de de francs CFA (2,44 milliards d’euros) ; il n’en serait collecté que 1 160 milliards à la fin de l’année.

Les dépenses ont donc été revues à la baisse, tombant de 1 380 à 1 070 milliards. Malgré cette réduction, l’excédent budgétaire prévu devrait être divisé par deux, se contractant de 217 à 92 milliards de FCFA. Il manquerait 550 milliards à la trésorerie et ce trou laisse craindre une nouvelle augmentation de l’impressionnante dette publique qui frise déjà les 130 % du produit intérieur brut (PIB).

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Mauvais signal pour le FMI

C’est un très mauvais signal envoyé au Fonds monétaire international (FMI) qui traînait déjà les pieds pour signer avec Brazzaville un programme de « facilité élargie de crédit » et qui attendait de ce budget 2018 la preuve d’une plus grande discipline du gouvernement congolais. Les négociations en seront compliquées, car cette dégradation des comptes publics confirme un manque de crédibilité budgétaire.

C’est aussi un très mauvais présage pour la population, qui a souffert de la récession des deux dernières années et pouvait espérer une amélioration de son sort avec le début de reprise des cours des matières premières et notamment du pétrole. La croissance annuelle plutôt poussive de 1,4 % prédite pour les deux prochaines années par la Banque mondiale sera malheureusement insuffisante face à une croissance démographique de 3,6 %.

Avec le nouveau tour de vis budgétaire qui s’annonce, la proportion des personnes vivant dans la grande pauvreté devrait encore augmenter et dépasser le tiers de la population disposant de moins de deux dollars par jour. Et le taux de chômage n’a aucune chance de baisser sous les 53 % constatés aujourd’hui.

Un nouveau plan de développement

La communication faite en conseil des ministres le même jour par Ingrid Ebouka Babakas, ministre du Plan, sur le projet de Plan national de développement 2018-2022 « La marche vers le développement – Allons plus loin ensemble » ne rassure pas non plus. Il comporte trop d’objectifs : éducation, agriculture, industrialisation, tourisme, inclusion des femmes, « préservation » des infrastructures, amélioration du climat des affaires. Or, trop de priorités = pas de priorités.

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De plus, son financement s’annonce problématique. Le gouvernement espère que ses 15 510 milliards de FCFA programmés seront assurés par un « recours nécessaire aux ressources du secteur privé » pour 9 676 milliards. Hormis les Chinois, on voit mal quels seront les investisseurs étrangers assez audacieux pour miser sur un pays affligé d’une crise née de la « malédiction des matières premières » et d’une médiocre gouvernance.

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