Congo : le gouvernement reconnaît la mort de 13 jeunes dans un commissariat

Les treize jeunes gens tués dans la nuit du 22 au 23 juillet sont bien morts dans un commissariat de Brazzaville. Le gouvernement, qui avait d’abord affirmé le contraire, l’a reconnu jeudi.

Dans le quartier de Mpila, à Brazzaville, en 2016. (photo d’illustration) © Baudouin Mouanda pour JA

Dans le quartier de Mpila, à Brazzaville, en 2016. (photo d’illustration) © Baudouin Mouanda pour JA

Publié le 27 juillet 2018 Lecture : 2 minutes.

Ils sont morts au commissariat. Raymond-Zéphirin Mboulou, le ministre de l’Intérieur l’a finalement reconnu jeudi, devant l’Assemblée nationale, alors que le porte-parole du gouvernement avait affirmé le contraire deux jours auparavant. « Une vingtaine de jeunes avaient été interpellés dont seize ont été placés en garde à vue au commissariat de Chacona (dans le quartier de Mpila). Dans la nuit du 22 au 23 juillet, treize d’entre eux y ont trouvé la mort », a déclaré Raymond-Zéphirin Mboulou, répondant à la question d’un député à l’Assemblée nationale.

Mesures conservatoires

« Je ne peux pas en dire plus pour le moment. Une commission d’enquête administrative et judiciaire, impliquant l’Inspection générale de police, a été mise en place pour élucider les circonstances de ce drame. Des mesures conservatoires ont été prises au niveau de ce commissariat », a ajouté le ministre. Raymond-Zéphirin Mboulou a précisé que les jeunes avaient été interpellés suite au « décès tragique le 9 juillet d’un citoyen nommé Julien Obongo dans un quartier de Brazzaville », dans le cadre d’une « opération spéciale » organisée par la police dans ce quartier.

Des policiers nous ont témoignés que certains corps baignaient dans le sang

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Dès le 23 juillet, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) avait alerté sur le drame, évoquant une « exaction de la police » et réclamant une enquête. « De façon anonyme, des policiers nous ont témoignés que certains corps baignaient dans le sang », a notamment déclaré à l’AFP Trésor Nzila, directeur exécutif de l’OCDH.

« Il ne s’est rien passé au commissariat », avait répondu le porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla. « Deux bandes se sont affrontées de manière très violente sur la voie publique avec toutes sortes d’armes, blanches, comme au moins une arme à feu qui a été retrouvée. Et cet affrontement a entraîné la mort de plusieurs hommes, hélas », avait-il alors expliqué.

Selon ce récit, c’est au commissariat que « les services de police ont constaté qu’un certain nombre d’individus étaient très, très mal en point et ils les ont dirigés ensuite vers les services d’urgence qui sont compétents ». « Tous les moyens dont dispose l’État sont mis en branle pour faire la lumière sur ce drame », avait cependant nuancé Thierry Moungalla, mercredi soir.

Le procureur de la République, André Ngakala Oko, a pour sa part évoqué un affrontement entre deux groupes de jeunes bandits appelés « Bébés noirs » et annoncé l’ouverture d’une enquête « aux fins d’élucider les causes et les circonstances de ce drame ».

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La Fédération congolaise des droits de l’homme a appelé jeudi soir « à la mise en place d’une commission d’enquête crédible associant les organisations de promotion et de défense des droits de l’homme ».

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