Journaux sous pression

Publié le 29 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

« Nous refusons de mourir. » Tel est le cri d’alarme lancé par une partie de la presse ivoirienne à la une d’une édition commune et gratuite parue le 22 novembre, à Abidjan. Depuis le 4 novembre, sept quotidiens d’opposition ne sont plus commercialisés : Le Jour, 24 Heures, Ivoire Matin, Le Libéral, Le Nouveau Réveil, Le Front et Le Patriote. Chaque rédaction a rédigé une page ou une double page du numéro spécial. Pour Méité Sindou, rédacteur en chef du Patriote, l’initiative répond à la nécessité de « rappeler aux pouvoirs publics que nous protestons contre l’interdiction de publication de nos journaux ».
En réalité, il n’y a pas eu d’interdiction officielle, mais l’unique distributeur du pays, Edipresse – détenue à 50/50 par l’État et les Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP) -, a décidé de reporter la diffusion de certaines publications pour raisons de sécurité. « Nous n’avons pas reçu de consignes des autorités, déclare Frédéric Vézy, son directeur général, mais plutôt des pressions de la part des « Jeunes patriotes », qui menacent de brûler nos locaux et d’agresser notre personnel si certains journaux continuent d’être édités. »

Vendeurs à la criée agressés, points de vente mis à sac, publications déchirées… Depuis près d’un mois, on assiste à une résurgence des actes de violence contre les professionnels de la presse. Le 4 novembre, les locaux abidjanais des quotidiens Le Patriote et 24 Heures ont été pillés et incendiés par des « Patriotes », partisans du président Laurent Gbagbo. Ces comportements ne sont malheureusement pas nouveaux. Le 31 octobre 2003, les vendeurs de journaux avaient marqué une journée de grève sur tout le territoire pour protester contre les brutalités dont ils étaient – déjà – victimes.
Arraché à force de réunions de médiation, le semblant d’apaisement a rapidement été balayé par la reprise des hostilités. Depuis la suspension des vols commerciaux, le 4 novembre, la presse internationale ne parvient plus en Côte d’Ivoire. Seules quelques publications, acheminées par mer, arrivent à destination avec plusieurs semaines de décalage. La situation est encore plus préoccupante dans le Nord, tenu par les rebelles. Depuis le début de la guerre, le 19 septembre 2002, Edipresse n’a plus accès à cette zone.
La reprise des vols Air France entre Paris et Abidjan, le 29 novembre, va permettre le retour de la presse internationale – dont J.A.I. – en Côte d’Ivoire. Mais elle ne résoudra pas les problèmes des ventes au numéro aussi longtemps que des garanties de sécurité n’auront pas été données aux principaux diffuseurs.

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Entre le 6 et le 9 novembre, quatre points de vente de La Librairie de France ont été incendiés à Abidjan et à Yamoussoukro. Dans cette dernière, La Nouvelle Librairie de Côte d’Ivoire a subi le même sort. Seul signe encourageant, le rétablissement sur la bande FM de Radio France internationale (RFI) et BBC-Afrique, le 24 novembre. Ces deux stations de radio sont restées brouillées pendant vingt jours à la suite d’un sabotage d’origine indéterminée.

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