Féminisation de l’épidémie

Publié le 29 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Les chiffres sont là : 39,4 millions de personnes vivent aujourd’hui avec le VIH dans le monde, contre 36,6 millions en 2002, et 3,1 millions de décès ont été enregistrés en 2004, selon le dernier rapport de l’Onusida. L’Afrique subsaharienne reste la région la plus durement frappée, avec 25,4 millions de personnes infectées, mais au cours des deux dernières années l’épidémie a progressé de 56 % en Asie de l’Est et de 48 % en Europe orientale et en Asie centrale.

Le phénomène mis en valeur cette année par l’Onusida est la féminisation de l’épidémie. Les femmes constituent près de la moitié des 37,2 millions d’adultes (entre 15 et 49 ans) infectés dans le monde. Elles représentent 60 % des adultes séropositifs en Afrique subsaharienne. Parmi les 15-24 ans infectés en 2004 en Afrique, 76 % sont des filles. Elles sont trois fois plus vulnérables que les garçons pour des raisons à la fois biologiques et sociales (voir encadré).
Présentant le rapport à Paris la semaine dernière, Michel Sidibé, numéro deux de l’Onusida, directeur du département Appui aux pays et aux régions, a souligné que l’organisation avait eu raison de recommander une stratégie de prévention et de traitement. Mais l’augmentation du nombre de personnes nouvellement infectées et le fait que, parmi elles, plus de la moitié ont entre 15 ans et 24 ans montrent qu’il faut redoubler d’efforts, même si le nombre de jeunes qui ont accès aux messages de prévention a déjà été multiplié par trois en deux ans. Quant au traitement, le Journal des Médecins sans frontières résume brutalement la situation : « Plus de vingt ans après le déclenchement de la pandémie de sida et 20 millions de morts plus tard, moins de 5 % des malades sont sous traitement et aucun vaccin préventif n’est en vue. » Selon l’Onusida, entre 5 millions et 6 millions de personnes auraient besoin d’un traitement antirétroviral, mais 440 000 seulement y avaient accès en juin 2004.

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Les dépenses mondiales consacrées au sida ont triplé depuis 2001 : elles sont passées de 2,1 milliards de dollars en 2001 à 6,1 milliards de dollars en 2004. « Il faudra, bien sûr, davantage de ressources à l’avenir, dit le docteur Peter Piot, directeur exécutif de l’Onusida. Mais le défi majeur actuellement est de bien faire travailler l’argent disponible, en faisant en sorte que les fonds existants soient dépensés là où ils sont le plus nécessaires. »

Au-delà des divergences entre le Fonds mondial contre les pandémies de l’ONU et le Pepfar américain (le President’s Emergency Plan for AIDS Relief), le sida pose un problème à long terme de politique générale : lutte contre la pauvreté, évolution économique… Le Kenya, par exemple, pays à forte prévalence (9 %), consacre 0,50 euro par jour et par personne au système de santé, et 12 euros par jour et par personne au remboursement de la dette.

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