Du Liban à la Tchétchénie

Publié le 29 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Dans l’imaginaire collectif du monde arabo-musulman, la bataille de Fallouja a d’ores et déjà pris sa place au côté des trois « combats fondateurs » de ces quatre dernières décennies que furent le siège de Beyrouth, le martyre de Grozny et la victoire de Karameh…

Karameh, ou la consécration d’Arafat
À Karameh, le 21 mars 1968, c’est l’envahisseur qui a été mis en échec. Karameh est un village à la frontière jordanienne, et l’envahisseur était l’armée israélienne, qui voulait « nettoyer » un camp de réfugiés palestiniens. Particulièrement visés, les dirigeants du Fatah. Karameh est entré dans la mythologie palestinienne parce que c’est là que les Palestiniens ont remporté leur seule victoire militaire contre Tsahal. À leur tête, un certain Yasser Arafat (Abou Amar). La bataille de Karameh a largement contribué à le consacrer, notamment parce qu’elle a obligé le président égyptien Gamal Abdel Nasser à le reconnaître comme chef incontesté de la résistance palestinienne. Elle venait, en outre, après les spectaculaires défaites des armées arabes dans la guerre des Six-Jours (5-10 juin 1967).

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Beyrouth, malgré tout
« Beyrouth : la mise à mort »… C’est ainsi que le 14 juillet 1982, Jeune Afrique titrait la « chronique d’une ville condamnée ». On en était déjà à la septième année d’une guerre civile où s’affrontaient chrétiens et musulmans, Palestiniens et islamo-progressistes, milices des uns et milices des autres ; où les Occidentaux essayaient vainement de mettre bon ordre, au prix de lourds attentats et de prises d’otages ; où les Israéliens prétendaient, en 1982, rétablir « la paix en Galilée » et laissaient se perpétrer les massacres de Sabra et Chatila ; où les Syriens jouèrent les uns contre les autres jusqu’à ce « traité de fraternité, de coopération et d’amitié » de mai 1991 qui consacrait leur influence de fait. Le miracle est que la ville dévastée ait pu redevenir un Grand Beyrouth où l’on s’affronte de préférence sur les projets architecturaux.

Bain de sang à Grozny
Grozny, capitale de la Tchétchénie, est l’exemple le plus sanglant et le plus extrême de « nettoyage urbain » de la dernière décennie. Les Russes s’y sont pris à deux fois, mais ils ont pratiquement rayé la ville de la carte. En 1994, premier conflit armé. Dans la nuit du nouvel an 1995, les chars de Moscou sont bloqués dans le lacis de ruelles qui constituait Grozny. Les Russes se retirent, mais un bombardement aveugle rase le centre-ville. Bilan : environ 25 000 civils tués. En 1996, Moscou accepte un traité de paix. Le 1er octobre 1999, cependant, après des attentats à Moscou, Vladimir Poutine relance la guerre. Il fait, là encore, donner l’aviation. La pluie d’obus tue des milliers de civils et laisse la ville en ruine. Les Tchétchènes ont fui par centaines de milliers dans l’Ingouchie voisine.

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