[Tribune] « La lutte contre le cancer doit être une de nos priorités »

Le constat est sans appel : aucun pays n’est épargné par le cancer désormais. Maladie longtemps jugée inhérente aux sociétés occidentales, il gangrène en réalité chaque recoin de la mappemonde. Ce qui est un fait, mais pas une fatalité.

 © Sika Kaboré a occupé plusieurs postes à responsabilité à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso
  • Sika Kaboré

    Présidente de la fondation Kimi, première dame du Burkina Faso

Publié le 3 août 2018 Lecture : 3 minutes.

Le continent est concerné par ce fléau, qui décime chaque année plus de personnes que la raison ne saurait imaginer. Elles sont 500 000 en Afrique subsaharienne, chiffre quasiment comparable aux dégâts causés par le sida ou le paludisme. Ce drame n’est cependant pas irréversible.

Il n’y a pas de solutions miracles, mais des moyens existent et valent la peine d’être déployés. Il s’agit de l’une des plus grandes urgences sanitaires du xxie siècle. Il faut multiplier les démarches de prévention et de sensibilisation sans relâche, avec force – ce à quoi je m’emploie en tant que présidente de la fondation Kimi.

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Fondation Kimi au Burkina Faso

En langue dioula, Kimi veut dire « parapluie », terme réinterprété dans un sens plus large pour exprimer l’idée de protection, en raison du caractère préventif des activités de notre fondation.

Il faut toujours et encore plaider auprès des pouvoirs publics en faveur de politiques plaçant ce fléau au centre des préoccupations de chaque pays, mais aussi sensibiliser sans répit les individus.

Depuis plusieurs années, la fondation promeut le bien-être physique, mental, social et économique des populations. Il y a dix ans, Kimi s’est rendue dans la Boucle du Mouhoun, une région du Burkina Faso, pour y proposer pendant deux jours un dépistage gratuit. C’était l’une des premières campagnes de sensibilisation, et beaucoup d’autres ont suivi.

100 000 femmes dépistées

Nos actions relèvent également de l’éducation nutritionnelle ou de la mobilisation sociale pour l’hygiène et l’assainissement. Elles consistent aussi en la formation d’agents de santé ou des associations de femmes sur l’ensemble du territoire burkinabè, largement renforcée au nom de l’égalité de l’accès aux soins – en parallèle de la distribution de kits.

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La lutte contre le cancer chez la femme occupe une place importante parmi ces actions clés, car cette dernière est la première concernée par cette maladie. Grâce à notre intervention, plus de 100 000 femmes ont été dépistées à travers les treize régions que compte le Burkina.

Il demeure essentiel de pérenniser les efforts, notamment au regard des besoins en équipements sanitaires et médicaux adaptés. La construction prochaine d’un centre de traitement du cancer à Ouagadougou incarne parfaitement la transition sanitaire du Burkina.

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Gratuité du dépistage

Notre plaidoyer auprès du gouvernement a permis d’obtenir la gratuité du dépistage et de surmonter la barrière financière, cela en parallèle d’une mobilisation progressive des élus locaux et des acteurs de terrain, mais aussi des communautés régionales et internationale, essentielles pour renforcer cette dynamique.

Cette coopération est primordiale pour mieux mobiliser les forces vives de notre continent. Elle doit en outre s’intégrer dans une démarche de diplomatie sanitaire. Le Burkina Faso accueille ainsi, les 1er et 2 août, un séminaire régional consacré à la prévention pour lutter contre le cancer. En tant que présidente de Kimi, mais aussi en tant que première dame du Burkina Faso, j’accueillerai les acteurs de terrain, les ONG ainsi que les premières dames des États membres du groupe Afrique de l’Organisation de coopération islamique (OCI) : cette dimension politique est nécessaire pour faire bouger les lignes.

Sanctuariser les politiques de prévention

Ce séminaire, caisse de résonance destinée à sanctuariser les politiques de prévention destinées à combattre la maladie, entend illustrer les différents procédés qui se mettent en place çà et là de par le continent, preuve de la pleine vitalité africaine dans ce domaine.

Il est nécessaire de réfléchir à notre échelle, et d’agir pour le bien commun. Think local, act global [« penser localement, agir globalement »] est un principe que je cultive au quotidien. Œuvrer pour le capital humain demeure une ambition largement partagée, qui est ici mise au service de la lutte contre le cancer. Mieux vaut prévenir – et agir – que guérir : un autre adage qui doit plus que jamais être d’actualité.

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