Côte d’Ivoire : la patate chaude

Publié le 29 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

La fuite des résidents français et autres expatriés de côte d’Ivoire démontre à quel point cet ancien pôle de stabilité en afrique s’est effondré.
D’un point de vue international, la Côte d’Ivoire est laissée à la dérive depuis trop longtemps. Ce conflit – ethnique, et non idéologique – menace de déstabiliser les pays voisins dans une région déjà plusieurs fois saccagée par la guerre.
Ces deux dernières années, les troupes françaises ont eu le mérite d’avoir maintenu la ligne de démarcation entre les belligérants du Nord et ceux du Sud. Pendant cette période, elles ont été secondées par les forces d’Afrique de l’Ouest, remplacées cette année par une force de maintien de la paix plus importante. Au cours de la dernière confrontation, Paris a bénéficié d’un fort soutien international. Mais elle a mal géré son rôle.
La situation en Côte d’Ivoire se dégradait déjà depuis plusieurs années quand la France est intervenue pour éviter un bain de sang, mais la solution imposée ne pouvait pas fonctionner. Elle prévoyait le maintien au pouvoir du président Gbagbo et posait des conditions inacceptables pour ses partisans – à savoir l’entrée au gouvernement de responsables de la rébellion armée. Laurent Gbagbo n’est, de toute évidence, pas à la hauteur pour mener à bien la réconciliation dans son pays. En utilisant le pouvoir de la rue, il a déclenché des forces qui pourraient bien échapper à son contrôle.
Quand la France a détruit la force aérienne ivoirienne début novembre, en réponse aux attaques qui ont violé le cessez-le-feu et provoqué la mort de neuf soldats français, elle a étouffé dans l’oeuf une nouvelle offensive. Mais elle a sous-estimé la réaction du pouvoir et ne peut plus, désormais, jouer les loyaux intermédiaires.
Que faire pour un pays où les deux camps sont déterminés à en découdre ? L’embargo sur les armes, décrété le 15 novembre par les Nations unies, est tardif mais bienvenu. Tout comme les efforts du président sud-africain Thabo Mbeki pour organiser des négociations. À présent, la mission militaire française doit être incorporée dans une force multilatérale. La toute récente force de réaction de l’Union européenne pourrait trouver là une occasion d’épauler les troupes africaines et onusiennes. Mais une telle intervention ne réussira que si les deux factions belligérantes reconnaissent qu’elles ne peuvent sortir indemnes d’un bain de sang.

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