Warda al-Djazaïriyya

Une rose d’Alger sur les rives du Nil.

Publié le 10 décembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Avec plus de trois cents titres à son actif et des dizaines de millions de disques et cassettes vendus, la chanteuse algérienne Warda est l’un des derniers monstres sacrés du panthéon musical arabe. Son itinéraire de Barbès au Caire en passant par Beyrouth et Alger s’apparente à un véritable conte des Mille et Une Nuits.
Née en 1939 d’un cafetier qui tenait dans le Quartier latin de Paris un cabaret oriental, le Tam-Tam (initiales de Tunisie, Algérie, Maroc), Warda voit défiler les grands noms de la chanson maghrébine. Les ténors de la scène tunisienne de l’époque, Zaki Khrief, Mohamed Jammoussi et Hédi Jouini, lui écrivent les chansons de ses débuts. À 11 ans, elle enregistre son premier titre, un chant patriotique algérien, genre qui va lui coller à la peau jusqu’en 1962.
En 1956, la police française découvre au Tam-Tam des armes destinées au FLN. La famille s’exile alors au Liban d’où est originaire la mère de Warda. Le père consent à laisser sa fille se produire dans les clubs de Beyrouth. Sa voix chaude et vibrante, son engagement pour la cause algérienne sont le point de départ d’une carrière panarabe. Deux rencontres vont lui ouvrir, dès 1959, les portes du Caire. Helmi Rafla, célèbre réalisateur de comédies musicales, vient en personne lui faire signer un contrat. Elle tournera sous sa direction Amirat al-Arab et Al-Maz, qui font d’elle la coqueluche des Cairotes. La même année, elle chante devant Nasser, qui la reçoit en tant qu’ambassadrice de la cause algérienne. Deux soirs d’affilée, un visiteur de marque vient l’écouter. Flairant le talent de la jeune femme, Mohamed Abdelwahab, compositeur génial et prolifique, la prend sous son aile et l’initie au chant classique. Il met en musique pour elle une qasida du prince des poètes, Ahmed Chawqi, « Bi-omri kullo habbitak ». Succès. Puis, c’est au tour du compositeur exclusif d’Oum Kalthoum, Riadh al-Sombati de lui ciseler le bijou « Labat el-Ayyam ».
En 1962, elle décide de rejoindre la patrie qu’elle n’a jamais vue et interrompt sa carrière artistique. Un jour de 1972, le coup de téléphone d’un fan pas comme les autres va être à l’origine de son come-back. Houari Boumedienne veut qu’elle donne un récital pour le 10e anniversaire de l’indépendance du pays. Elle retourne ensuite au Caire où elle épouse en secondes noces Baligh Hamdi, le compositeur attitré des dernières années d’Oum Kalthoum. Les enregistrements s’enchaînent et Warda explose les charts. Son jeu de scène tout en mouvement, fait inhabituel chez les chanteurs arabes à qui il est recommandé d’observer une attitude quasi prostrée, lui rouvrent les portes du 7e art.
Arrivent alors les années quatre-vingt. Le goût du public a changé. Ce sont désormais les chansons courtes aux paroles légères, au rythme effréné et aux arrangements électriques qui font fureur. Out, Warda ? C’est bien mal la connaître. Elle fait équipe avec le jeune compositeur Salah Charnoubi qui, avec « Betwanes Bik » et « Haramt Ahibbek », la propulse de nouveau au sommet en 1993. Depuis une opération au cur subie en 1996, elle ne monte sur scène que très rarement, mais continue d’enregistrer un album par an.

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