Tunisie : le vote de confiance à Hichem Fourati a été difficile pour Youssef Chahed
Le nouveau ministre tunisien de l’Intérieur, Hichem Fourati, s’est présenté à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour en obtenir la confiance, samedi. Mais c’est une autre partie qui s’est jouée dans l’hémicycle.
![Youssef Chahed, chef du gouvernement tunisien, devant l’Assemblée des représentants du peuple. © Hassene Dridi/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2018/02/06/sipa_ap22101830_000005.jpg)
Youssef Chahed, chef du gouvernement tunisien, devant l’Assemblée des représentants du peuple. © Hassene Dridi/AP/SIPA
Le Parlement tunisien a accordé sa confiance au nouveau ministre de l’Intérieur, avec 148 voix pour 169 présents sur un total de 217 élus. Mais la séance a été agitée avant de parvenir à ce résultat.
Le chef de l’exécutif, Youssef Chahed, est monté au perchoir de manière impromptue, samedi en pleine séance fleuve – pas moins de huit heures de débats -, pour soutenir Hichem Fourati, nouveau ministre de l’Intérieur, face à une partie de Nidaa Tounes, à Machrou Tounes et au Front Populaire qui s’apprêtaient à ne pas voter la confiance.
Youssef Chahed joue son va-tout
Se sachant controversé, Chahed a également joué son va-tout en présentant, par surprise, un bilan succinct de son gouvernement. Il voulait ainsi couper l’herbe sous le pied de l’Assemblée des représentants du peuple, qui souhaitait justement l’entendre sur ce point.
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Mal lui en a pris. Durant cinq heures, le chef de exécutif a subit un feu roulant de critiques qui dénonçaient les dépassements de la Kasbah, les maigres résultats et la pression exercée par Chahed, via les médias, pour se maintenir en poste.
Ce dernier a eu du mal à garder sa contenance et à ne pas se contredire dans ses réponses aux députés. Tous étaient conscients que le vote ne portait plus, dans ces conditions houleuses, sur l’approbation de Fourati mais sur celle de Chahed.
Retournement surprise de Nidaa Tounes
L’issue du vote, incertaine, a basculé vers le « oui » quand le groupe parlementaire Nidaa Tounes a annoncé qu’il se prononcerait en faveur de Fourati alors qu’il n’en était pas question quelques heures auparavant.
Depuis les coulisses du Bardo, le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi a imposé à ses parlementaires une nouvelle direction et tous ont noté également la présence de Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha.
Les deux partis, qui avaient pratiqué jusqu’aux élections municipales de mai 2018, la politique du consensus, semblent s’être accordés en dernière minute : Nidaa Tounes a conditionné son vote à l’organisation sous 10 jours d’une plénière dédiée au bilan de Chahed en sa présence.
La querelle entre Chahed et Essebsi a profité à Ghannouchi
Les apparences ne sont pas sauves pour autant ; de l’avis général, « il s’est passé quelque chose d’incompréhensible à l’Assemblée ».
Séance surréaliste
Les élus de Nidaa assurent que « le président exécutif de Nidaa, qui a décidé de faire prévaloir l’unité du parti » pour d’autres, dont Mondher Belhaj Ali, député indépendant, « la querelle entre Youssef Chahed et Hafedh Caïd Essebsi a profité à Rached Ghannouchi. La Tunisie n’a pas besoin de ça. Elle a besoin d’une autre majorité pour conduire les grandes réformes ».
Entre coup de théâtre, discours politiciens et accusations diverses, la séance a pris un ton surréaliste d’autant que rien n’obligeait Hichem Fourati à demander l’aval de l’Assemblée.
De par la Constitution, le vote de confiance n’est nécessaire que pour adouber un nouveau gouvernement dans son ensemble. Mais se présenter sous la coupole du Bardo est une démarche de courtoisie instaurée depuis le premier gouvernement de Habib Essid en 2015. Une manière également pour l’exécutif de se prévaloir d’un appui de l’hémicycle et de tempérer les éventuelles critiques émises par les députés.
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